Centenaire Sainte Rafqa 23 mars 2014

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Dimanche 23 mars 2014
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Fête de Sainte Rafqa et inauguration du centenaire de sa mort

 

C’est Sa Béatitude le patriarche Raï qui va présider la Messe solennelle en présence du président de la République M. Michel Sleiman. 

A 9h30, je suis déjà au couvent Saint Joseph de Jrabta, en compagnie de S. Exc. Mgr Saadé, pour être aux côtés de Mère Sonia Ghossain, Supérieure générale de l’Ordre des Moniales Libanaises Maronites, de Sœur Marta Bassil, prieure du couvent, et de l’Abbé Tannous Nehmé, Supérieur général de l’Ordre Libanais Maronite, à  accueillir Sa Béatitude le patriarche Raï et le président Sleiman.

C’est le président Sleiman qui arrive en premier, au milieu de mesures sécuritaires draconiennes - ce qui a gêné les milliers de fidèles qui ont dû faire des kilomètres à pied – à 10h10. Et après l’avoir accueilli à l’entrée du couvent, il a tenu à se recueillir devant la tombe de Sainte Rafqa, avant de visiter la chapelle et les différents pavillons, dont celui des personnes âgées.

 

A 10h40, c’est au tour de Sa Béatitude. Après nous avoir salués à l’entrée où nous l’attendions, il se rend directement au salon pour avoir un aparté avec le président de la République. A 11h00, tout le monde se rend dans la basilique de Sainte Rafqa encore inachevée et pleine de monde. S. Exc. Mgr Gabriele Caccia, Nonce apostolique, était déjà là avec une dizaine d’évêques et une cinquantaine de prêtres et religieux, ainsi qu’un nombre de ministres, députés, ambassadeurs et personnalités politiques et militaires. Le cortège de Sa Béatitude est accueilli par de  longs applaudissements. Nous étions à ses côtés, Mgr Saadé et moi-même, ainsi que l’Abbé Nehmé, le Père Paul Azzi, aumônier du couvent, et le Père Hani Matar, Maître de cérémonie de Sa Béatitude. 

 

Au début de la célébration, Mère Ghossain prend la parole pour annoncer l’ouverture du centenaire. Ensuite c’est Mgr Caccia qui lit le message de Sa Sainteté le Pape François qui accorde l’indulgence plénière à tous les fidèles qui viennent en pèlerinage dans ce couvent et se rapprochent du sacrement de pardon.         

Dans son homélie, Sa Béatitude a retracé les principales étapes de la vie de sainte Rafqa, notamment « ses 26 années passées au sein de la Congrégation des Moniales Libanaises Maronites, d'abord au couvent Saint-Simon à Ayto puis au couvent Saint-Joseph à Jrabta ».

Et de poursuivre, en s'adressant au président Sleiman :

 

« Monsieur le président, nous sommes heureux d’inaugurer avec vous, avec Mgr le Nonce apostolique représentant Sa Sainteté le Pape François, avec Mgr Mounir Khairallah, évêque de ce diocèse, avec nos frères les évêques et les supérieurs de l’Ordre Libanais Maronite ainsi que ces milliers de fidèles, l’année jubilaire de Sainte Rafqa… Votre présence à cette célébration lui donne un symbole national. En vous rendant, en effet,  en pèlerinage à la tombe de sainte Rafqa, apôtre de la douleur, vous portez les souffrances des Libanais et les soucis de notre patrie, les sacrifices de notre armée et les afflictions de Tripoli, mais aussi les préoccupations des habitants de la Békaa, qui subissent l'intrusion sur leurs terres d'éléments armés, de kidnappeurs et de hors-la-loi. Notre frère, archevêque de Baalbeck - Deir el-Ahmar, Mgr Semaan Atallah, a failli être victime de ces hommes, échappant de justesse à une tentative de rapt hier soir. Des phénomènes pareils doivent être éradiqués si l'on veut que l'État contrôle la sécurité et consolide la coexistence. Les mots qui stigmatisent ou qui compatissent ne suffisent plus. Vous avez supporté, Monsieur le Président, tout au long de votre mandat, avec foi, patience et sagesse, les attaques dirigées contre vous sur les questions politiques, socio-économiques et sécuritaires. Vous avez subi le coup des déceptions successives, alors que vous étiez déterminé à sortir le pays, ses institutions et son peuple, de la crise et de la paralysie. Vous avez supporté le refus politique de coopérer avec vos appels à l'unité, à la réconciliation et au dialogue. Malgré tout, vous avez porté tout haut le nom du Liban sur les tribunes régionales et internationales, en vous adressant à toutes les parties politiques libanaises avec clarté et audace, en communiquant une vérité qui, si elle avait été acceptée, aurait guéri le pays de tous ses maux mortels ».

          En partant après la Messe, le président Sleiman a accepté de répondre aux questions des journalistes. « Nous avons besoin aujourd'hui d'élaborer une stratégie défensive pour protéger intégralement le Liban, à l'ombre des tempêtes qui secouent la région. Et cette stratégie doit avoir comme fondement l'armée, dont la référence est l'autorité de l'État, puisque celle-ci représente le peuple ».

En réponse à une question sur l'importance, ou pas, du centrisme du prochain président de la République, le chef de l'État a affirmé que « le camp dont relèverait le prochain président est sans importance ». « Qu'il soit issu de ce qu'on nomme la droite ou la gauche, ce qui compte est son comportement à la tête de l'État, a déclaré le président Sleiman. Ses choix doivent émaner de la Constitution, et ne supporter aucun compromis. L'enjeu pour un président est de protéger la souveraineté sans concession, sans prendre en compte aucun autre intérêt, qu'il soit personnel, intérieur ou extérieur. C'est cela la définition générale d'un bon président. »
« Il faut mettre un terme aux souffrances quotidiennes des Tripolitains et aux violences qui secouent leur ville, a ajouté le chef de l'État, en réponse à une question. Si l'on concède que ces violences reprennent régulièrement sous prétexte de règlements de comptes politiques, le gouvernement actuel est en mesure d'y remédier, puisqu'il est représentatif des différentes parties, et peut-être même plus équilibré à ce niveau que les précédents cabinets. » Rien ne devrait empêcher de mettre un terme à ces violences « une fois pour toutes », « en assurant une couverture à l'armée et aux forces sécuritaires, et en répondant à leurs besoins ».

          Concernant la tentative d’enlèvement échoué de Mgr Atallah, une vague de réprobation est soulevée dans tout le pays. De nombreuses personnalités et délégations de plusieurs localités de la Békaa sont venues auprès de Mgr Atallah dire leur condamnation et apporter leur soutien.

De son côté, Mgr Atallah a qualifié de « honteux » l'incident de samedi. « Peut être que ceux qui nous filaient voulaient effectuer un kidnapping contre une rançon, mais les répercussions de leur acte prennent actuellement d'énormes dimensions », a-t-il dit, soulignant que « la Békaa ne devrait pas être une zone de hors-la-loi».

 «Même si les personnes qui sont en train de perpétrer des enlèvements sont uniquement motivées par l'argent, leurs actes peuvent mettre en danger le Liban. La situation dans le pays n'est pas bonne actuellement et de tels actes peuvent mettre le feu aux poudres ».

Il a appelé « les responsables des partis et des tribus de la Békaa à œuvrer avec les chrétiens de la région pour préserver l'unité nationale ». « Ce qui se passe actuellement dans la région, concernant les enlèvements, n'est pas un règlement de comptes entre musulmans et chrétiens. Il faut que les chefs des partis ainsi que les responsables sécuritaires se rendent compte de la gravité de la situation et qu'ils prennent les décisions adéquates ». « La Békaa est actuellement menacée par les explosions et les roquettes. Certains commerces ont fermé leurs portes alors que nombre de personnes ne se rendent plus dans la région. Nous implorons Dieu de nous épargner le pire, surtout que la frontière avec la Syrie échappe à tout contrôle et nous craignons que la guerre syrienne soit transposée au Liban ».

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