Pelerinage Saint-Chamond au Liban, 11-18 avril 2015

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Pèlerinage Saint-Chamond au Liban (11-18 avril 2015)

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Un groupe de 44 personnes conduit par le Père Sami NEHME.

Ils ont été accueillis dans les familles à Batroun, Ebrine, Ijdabra, Smarjbayl, Jrane, Mrah El Zayat et Ghouma, comme ils avaient fait eux-mêmes en accueillant nos jeunes à plusieurs reprises, et dernièrement en octobre 2014.

Le programme :

Dimanche 12 avril : accueil dans les familles ; puis accueil à Ijdabra ; Messe à Batroun et visite de Batroun la nuit.

Lundi 13 avril : la ville de Jbayl, puis Annaya avec la Messe.

Mardi 14 avril : Visite de Beyrouth, centre ville. Puis rencontre avec Sa Béatitude le Patriarche maronite Raï à Bkerké ; Harissa et Messe.

Mercredi 15 avril : la Vallée sainte de Qadisha, Dimane, Békaakafra, Bécharré, les Cèdres, Saint Antoine de Kozhaya.

Jeudi 16 avril : la Vallée sainte à pied après une Messe et rencontre avec l’ermite jusqu’à la résidence patriarcale de Qannoubine.

Vendredi 17 avril : Kfifane puis Messe à Jrabta auprès de la tombe de sainte Rafqa. La nuit, rencontre d’adieu avec les familles à Batroun.

 

Homélie de Mgr Mounir Khairallah

A la Messe d’accueil des amis de Saint-Chamond

Dimanche 12/04/2015, cathédrale St. Etienne- Batroun

 

« Heureux ceux qui croient sans avoir vu» (Jean 20,29)

 

Très chers amis de Saint-Chamond

Nous sommes heureux de vous accueillir dans le cadre du jumelage qui unit nos deux diocèses, de Saint-Etienne et de Batroun, depuis 1997 lorsque vous avez accueilli nos jeunes participant aux JMJ de Paris avec le Saint Pape Jean-Paul II.

Et depuis les relations se sont développées et les visites dans les deux sens se sont multipliées. Dernièrement, en octobre dernier, vous avez accueilli à Saint-Chamond et à Saint-Etienne un groupe de nos jeunes que j’accompagnais moi-même dans une mission de jumelage avec des jeunes de votre diocèse.

Nous sommes aussi heureux de fêter avec vous le Christ ressuscité en ce « Dimanche Nouveau », comme il est appelé dans notre liturgie maronite, et revivre la réalité du « Tombeau vide », représenté ici à votre droite, qui reste un signe, non seulement de la résurrection du Christ, mais aussi de sa victoire sur la mort.

L’Evangile de ce dimanche relate l’apparition de Jésus aux Douze et son dialogue avec Thomas. Thomas que nous croyons toujours incrédule et symbole du doute. Quand Jésus est apparu la première fois aux Douze, Thomas était absent ; et quand il est revenu, ils lui ont raconté que Jésus leur est apparu, mais il semble qu’ils n’ont pas été convaincants. Il n’a pas pu croire parce qu’eux-mêmes, les autres apôtres, n’étaient pas tellement convaincus. Ils étaient encore dans la peur, c’est pourquoi ils étaient réunis dans une salle après avoir verrouillé les portes. La peur habitait leur cœur. Ils ne pouvaient pas être libérés. Ils avaient peur pour leur avenir, pour leur sort. Ils avaient peur de mourir comme Jésus. Ils ne réussissaient pas à croire que Jésus est ressuscité. C’est pourquoi leur témoignage n’était pas convaincant. Et quand Jésus apparaît de nouveau, Il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici et regarde mes mains ; avance ta main et enfonce-la dans mon côté, cesse d’être incrédule et deviens un homme de foi… Parce que tu m’as vu tu as cru ; bienheureux ceux qui, sans avoir vu, ont cru » (Jean 20, 27-29).

C’est notre cas, deux mille ans après. Nous n’avons pas vu physiquement la résurrection du Christ ni son apparition, mais nous avons la foi que Jésus est bien ressuscité, que Jésus est bien vivant et présent dans son Eglise. C’est Lui qui avait dit « je serais avec vous jusqu’à la fin des temps. N’ayez pas peur, j’ai vaincu la mort ».

Chers amis. Nous, chrétiens du Liban et de ce Moyen- Orient tellement tourmenté par les guerres, la haine, la vengeance depuis le temps de Jésus-Christ, nous ne demandons qu’à vivre en paix ; car c’est la terre de l’incarnation du Fils de Dieu, de sa mort et de sa résurrection pour le salut du monde. C’est aussi la terre des trois religions qui croient en un Seul Dieu. Elle devrait être la terre de la paix par excellence ; or ce n’est pas le cas. Et les chrétiens ont été semés sur cette terre, comme un grain de blé qui doit mourir pour donner du fruit, pour témoigner de la victoire du Christ sur la mort. Nous sommes ici pour continuer à témoigner le Christ vivant ; pour continuer à témoigner que l’amour est plus fort que la mort, la haine et la vengeance. L’amour ne peut qu’être le levain de cette terre pour la fermenter dans la paix, dans la Liberté, dans le respect des diversités.

C’est le message que porte le Liban et les chrétiens du Liban. Ils ont réussi à fonder un pays unique dans ce monde ; un pays où 18 communautés vivent ensemble dans le respect de leurs diversités religieuses, confessionnelles et culturelles ; un « Pays message » de paix, de réconciliation, de concorde, de démocratie et de liberté. Le Liban a connu dans son histoire une longue série d’occupations et il est resté Pays message. Les chrétiens du Liban ont connu dans leur histoire tellement de guerres et de persécutions ; mais ils savent une seule chose : qu’ils sont toujours là, constants dans leur foi en Celui qui a vaincu, par son amour infini, la mort et le mal ; et ils veulent toujours rester attachés à leur terre, message de Paix, de Liberté et de Réconciliation quoi qu’il arrive. Nous avons depuis très longtemps dépassé la psychose de la peur et vaincu la mort ; car la mort n’est qu’un passage à la Vie avec le Christ ressuscité.

Voilà notre message. Portez-le partout où vous allez vivre : à nos amis Stéphanois et Français et à l’Eglise du Christ qui est en France. Dites-leur que les chrétiens du Liban et du Moyen-Orient n’ont pas peur pour leur sort, ni pour leur avenir, même s’ils sont poussés en ce moment au martyr ou à l’exode ; ils reviendront sur leur terre, et ils resteront le levain de ce Moyen Orient, Levain de réconciliation, de Pardon, et de paix. Continuez à prier pour nous, portez-nous dans vos prières ; et ne pensez surtout pas que nous voulons partir et que vous avez à nous préparer les papiers, même si vous faites le maximum pour accueillir des exceptions. Le Christ est avec nous et restera avec nous jusqu’à la fin des temps. Amen.

 

Homélie de Mgr Khairallah

A la Messe d’adieu des amis de Saint-Chamond

Vendredi 17 avril 2015, Couvent Saint Joseph – Jrabta

 

Très chers amis,

En cette dernière célébration, je crois que vous avez fait le tour de l’histoire et du cheminement de notre Eglise maronite.

Vous avez commencé le premier jour chez Saint Charbel à Annaya, sur le haut sommet du diocèse de Jbayl. Et aujourd’hui vous terminez ici auprès de Sainte Rafqa, au creux de cette vallée.

Et au milieu de ce séjour, vous avez « été dans la Vallée sainte de Qadisha et vous avez touché du doigt ce qu’était la spiritualité des Maronites à travers les siècles. La spiritualité érémitique qu’ils ont adoptée à la suite de Saint Maroun dans ses deux dimensions verticale et horizontale. La dimension verticale qui nous lie à Dieu directement sur les sommets des montagnes ou dans le creux des vallées, dans la prière, la contemplation, le jeûne, les sacrifices et le travail de la terre. Et la    dimension horizontale dans l’ouverture à tous les peuples dans l’amour, la réconciliation, la paix et le respect des diversités.

Nos trois grands saints du dernier siècle – saint Nématallah, saint Charbel et sainte Rafqa ont vécu tous les trois au XIX° siècle. Saint Nématallah Hardini, qui était le Maître de novices de saint Charbel, est mort en 1858 ; saint Charbel est mort en 1898 et sainte Rafqa est morte en 1914. Tous les trois ont vécu les tragédies de leur peuple et de leur Eglise : les massacres des Maronites de la Montagne (1840-1860) et la destruction systématique de leurs maisons et de leurs églises. Tous les trois ont été témoins du martyr de leur peuple et se sont sanctifiés en vivant leur spiritualité érémitique.

Ici je m’arrête sur la vocation de sainte Rafqa qui a commencé sa vie chez les Mariamettes, congrégation fondée par les Pères Jésuites pour enseigner les jeunes filles du Liban. Et c’est en 1858-1860 qu’elle a été témoin des massacres des enfants qu’elle enseignait à Deyr El Qamar, capitale du Mont-Liban. En 1872, à la suppression de cette congrégation, elle a choisi de vivre la vie érémitique chez les Moniales Libanaises Maronites au sommet de Aytou, près d’Ehden, au couvent de Saint Siméon. En 1885, elle a demandé à Jésus la grâce de participer à ses souffrances et de porter avec Lui la croix. Jésus lui concéda cette grâce et elle a commencé à sentir un mal terrible aux yeux, qui a fini par lui faire perdre un œil chez le médecin et la vue par la suite. En 1897, les fidèles du diocèse de Jbayl et Batroun lui ont demandé de venir fonder ce couvent de Saint Joseph où nous sommes et faire rayonner de sa spiritualité érémitique. Elle obtint la permission et elle est venue avec six de ses sœurs prier et travailler la terre pour fonder ce couvent. Elle a fini aussi par devenir paralytique ne pouvant plus marcher, mais rayonnant de sainteté.

Voilà trois exemples de nos saints qui ont réussi à se sanctifier dans la spiritualité érémitique créée par Saint Maroun et qui a continué avec ses disciples le long des siècles, et avec nos patriarches, nos évêques, nos prêtres, nos ermites, nos religieux et religieuses, nos parents.

Et sainte Rafqa, ma patronne dans mon ministère épiscopal, a eu une influence directe sur ma vocation, et c’est dans ce couvent que j’ai appris par ma tante religieuse ici, étant tout petit à la suite du martyr de mes parents, à pardonner et à servir dans la paix et la liberté tous ceux qui me sont proches ou lointains ou ennemis.

 

Evaluation Voyage Saint-Chamond au Liban - 17 avril 2015

 

Père Sami a commencé par remercier les familles d’accueil et les membres du groupe ont offert les cadeaux aux familles d’accueil et à leurs paroisses.

Une fois les familles parties, Père Sami a introduit la séance d’évaluation en demandant à chacun de s’exprimer en quelques mots sur ce qui l’a touché dans ce voyage-pèlerinage.

Je reproduis ici les impressions telles qu’elles ont été exprimées spontanément par les membres du groupe de Saint-Chamond lors de la soirée d’évaluation qui a eu lieu à la salle paroissiale de Batroun :

 

-J’ai eu l’impression d’avoir fait un vrai pèlerinage dans une Terre sainte.

- Nous avons fait connaissance avec l’Eglise maronite : son histoire, sa foi, sa spiritualité, ses saints, ses lieux saints, ses familles, ses prêtres, ses religieux et religieuses, ses ermites.

- Les familles d’accueil étaient exceptionnelles : dynamiques, heureuses de nous accueillir, solidaires, hospitalières.

- J’ai découvert une autre Terre sainte.

- La marche dans la Vallée sainte était fatigante mais elle nous a porté à un dépassement de soi.

- Accueil, fraternité, prière, découverte d’un pays et d’une civilisation.

- Grande générosité et humanité de ceux qui nous ont accueillis.

- Vous êtes bien intégrés, vous les Maronites, ici dans le Nord et dans tout le Liban ; mais pourquoi pas ailleurs ? Vous connaissez bien vos ermites et vos saints.

- L’accueil, l’historique, la Messe. Nous avons eu une vision globale de l’Eglise maronite.

- Surtout l’accueil ! Nous avons reçu un message à porter en France.

- La richesse des rencontres et de la découverte.

- La grande qualité de l’accueil dans les familles.

- La découverte des Maronites qui ont le goût du dépouillement. Spirituellement, ce fut une expérience intense.

- Les chrétiens libanais sont accrochés à leur terre. La découverte des Maronites.

L’accueil formidable des familles.

-Nous remercions le Père Sami ; sans lui nous ne serions pas là.

- Ecoute, confiance, conscience, enracinement, accueil. La confiance absolue en la Providence que j’ai trouvée chez les Maronites. Ces Maronites sont enracinés dans une terre à laquelle ils sont profondément attachés.

- Nous avions l’impression d’être en famille. Nous avons découvert l’histoire et la spiritualité d’un peuple, d’une Eglise.

- Richesse d’une histoire et d’un peuple qui témoigne. Expérience riche et pleine d’émotions.

- Proximité et humanité que nous n’avons pas en France. Témoignage d’une résistance à travers les siècles. Une profondeur de vie et de témoignage.

- Ce que le Père Mounir nous a dit sur la Vallée sainte, l’histoire des Maronites et leur spiritualité nous reste dans la mémoire.

- Surpris par l’accueil des Libanais, par leur gentillesse et par leur disponibilité. Découverte d’un pays, et de la Vallée sainte.

- La disponibilité et l’accueil. La fierté et l’attachement d’un peuple à son pays. La communion entre nos deux diocèses et nos deux pays.

- La disponibilité des familles, de l’évêque, des prêtres. L’accueil.

- Au niveau humain, nous avons découvert une forte qualité de vie et l’accueil des familles.

- J’ai apprécié la simplicité des familles, le témoignage de l’évêque Père Mounir et la fierté des Maronites et des Libanais. La foi est-ce que je l’ai moi aussi ?

- Ici la foi est beaucoup plus grande que chez nous. Malgré la situation difficile, les gens ici s’accrochent à leur foi et à leur terre.

- Les Maronites sont bien enracinés. L’accueil des familles. Une Eglise très vivante. La simplicité des gens.

- L’accueil des familles, la proximité et la simplicité de Mgr Mounir. J’ai apprécié la liturgie. Un peuple très gai malgré les souffrances. L’entraide et la solidarité.

- La générosité et l’accueil des Libanais. Les différents témoignages - de l’ermite et de Mgr Mounir – nous ont beaucoup touchés.

- Je reste très impressionnée par la foi des Libanais et par la Vallée sainte. J’ai été émue à plusieurs reprises, notamment par les témoignages de l’ermite et de Mgr Mounir.

- Beaucoup d’émotions : dans la Vallée sainte, le témoignage de Mgr Mounir, la liturgie qui chante, la découverte de la foi, la spiritualité des Maronites vécue avec radicalité érémitique.

- Nous avons pris beaucoup de photos : comme si nous ne voulions rien perdre de nos émotions. Les relations profondes entre le Liban et la France.

- Le témoignage de Mgr Mounir : le pardon, la tolérance, la convivialité, la volonté de reconstruire le Liban. Une générosité exemplaire dans les familles d’accueil.

- Les interrogations que je me suis faite : Que ferais-je si les souffrances me touchaient ? Le témoignage du Père Mounir m’a bouleversé et m’a amené à une profonde révision de vie.

- J’étais surpris par le nombre de croix, de sanctuaires et de chapelles semés partout. L’amitié franco-libanaise : les Libanais aiment la France.

- La profondeur de la Messe maronite : les paroles et les chants. La joie de partager chez les Maronites.

- Ici au Liban, tout est grâce.

- Ce qui m’a marqué : un peuple fier de son pays ; ici nous nous sommes sentis en paix malgré les nouvelles de la guerre que nous entendions en France. La foi des Maronites m’a donné la sensation de retour aux sources : on revient à la Bible, à l’Evangile, à Marie. Cette expérience entre nos deux diocèses est à continuer.

- Le témoignage du Père Mounir, que j’entends pour la deuxième fois, m’a émue et je l’ai senti lui aussi plus ému : peut-être parce qu’il était sur les lieux et a revécu les événements.

- Les familles, même en pleine crise, ont tout fait pour accueillir dignement et généreusement.

- A maintenir ces liens d’amitié entre nous et entre nos deux diocèses.

- La fraternité, l’accueil des familles. J’ai vu ce que j’avais entendu jusqu’à maintenant : les beaux paysages, la Vallée sainte, les Messes et les liturgies profondément vécues. Le témoignage du Père Mounir était encore plus émouvant : le pardon m’a questionné. Authenticité et mission.

- Chez le Père Sami : l’exigence et le dépassement de soi.

- Richesse et diversité. Fraternité dans les relations entre Libanais et Français. Le rythme et les exigences du groupe. La beauté des paysages, de la Vallée sainte, des églises, des personnes et des personnalités.

 

Conclusion

-P. Sami : Evaluer pour évoluer. C’est ainsi que je comprends ce nous venons de faire. Je crois aussi que vous avez découvert en ces quelques jours la relation entre les Maronites, la liberté et la foi.

- Mgr Mounir :  

   . Je vous remercie pour le courage d’être venu jusqu’ici malgré les informations

     Qui vous empêchaient de le faire.

   . Votre programme était intense, mais il vous a permis de découvrir les constantes de l’Eglise maronite et du Liban ; il était aussi fatigant ; la fatigue, vous l’oublierez dès que serez rentrés, mais les beaux souvenirs resteront ancrés dans votre mémoire.

   . Que prévoir pour l’avenir ? Poursuivre et approfondir les relations d’amitié entre nous et entre nos deux diocèses.

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