حادث المطرانان بولس آميل سعاده ومنير خيرالله في البربارة 4-4-2016

 

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" رحمة الله لا متناهية" (البابا فرنسيس)

 

إخوتي وأخواتي أبناء وبنات أبرشية البترون إكليروساً وعلمانيين وأصدقاءنا جميعاً

تحية محبة بالرب يسوع القائم من الموت والحاضر بيننا في كل حين

 

        من مستشفى سيدة المعونات- جبيل، حيث دخلنا، المطران بولس آميل سعاده وأنا، على أثر حادث سير مروع على أتوستراد البربارة- البترون، فكرت بكم جميعاً وصليت من أجلكم وقدمت الآلام التي تعرضْتُ لها مشاركة بآلام المسيح عن كل نواياكم التي كنت مشاركاً فيها بطريقة أو بأخرى.

وتأثرت كل التأثر إزاء عواطفكم التي أبديتموها نحونا منذ وصولنا إلى المستشفى. وتأكدت من إيماني بالمسيح القائم من الموت، الحاضر معنا والذي انتشلنا من خطر الموت المحتّم بشفاعة أمه مريم في يوم الاحتفال بعيد البشارة وبشفاعة قديسي أبرشيتنا. وبصلاتكم المستمرة أعادنا إله الرحمة إلى الحياة لنتابع رسالتنا في خدمتكم.

نؤدّي التسبيح والمجد والشكران إلى الله الآب والإبن والروح القدس.

نتقدم بالشكر من صاحب الغبطة أبينا البطريرك مار بشاره بطرس الراعي في عيده وذكرى توليته، ومن آبائنا البطاركة، ومن اخوتنا السادة المطارنة الذي سارعوا إلى زيارتنا في المستشفى أو اتصلوا بنا من لبنان والنطاق البطريركي وبلدان الانتشار، ورافقونا بصلواتهم،

كما نشكر المسؤولين من سياسيين وقضاة وعسكريين وأمنيين ونقابيين وصحافيين وفعاليات بلدية واختيارية وثقافية واجتماعية،

نشكركم جميعاً، يا إخوتنا الكهنة والرهبان والراهبات والعلمانيين الذين حميتمونا بصلواتكم التي بفضلها نلنا الشفاء العاجل،

نتقدم بالشكر من جميع الأصدقاء والأحباء الذين زارونا واتصلوا بنا من كل أنحاء العالم.

نحن نذكركم جميعاً في صلواتنا.

الجمعة 8 نيسان 2016

                                                                        المطران منير خيرالله

                                                                        خادمكم في المحبة

 

« Le Nom de Dieu est Miséricorde » (Pape François)

 

Très chers amis

De l’hôpital Notre Dame des Secours à Jbeil-Byblos, où nous avons été hospitalisés, Mgr Saadé et moi-même, à la suite d’un accident routier très grave, nous avons pensé à vous tous, nous avons prié pour vous tous et nous avons offert nos souffrances, qui ne sont qu’une infime participation à celles du Christ, Maître et Seigneur, à vos intentions.

Tous vos messages de sympathie, vos sentiments de proximité et vos prières nous sont parvenus droit au cœur. Je crois fermement que le Christ Jésus, mort et ressuscité, et que Dieu, le père, par sa miséricorde infinie, a exaucé vos prières et nous ont sauvés d’une mort certaine, vu la gravité de l’accident, par l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie et tous nos Saints.

Nous rendons grâce en premier lieu à Dieu notre père et à Jésus, son fils, et à son Esprit-Saint.

Nous remercions en premier lieu, Sa Béatitude, le patriarche Béchara Raï, le jour de sa fête et l’anniversaire de son intronisation, ainsi que tous mes frères évêques qui ont tenu à venir nous voir, ou à nous contacter de partout dans le monde.

Nous vous remercions, nos très chers amis du Liban, de l’Australie, des États-Unis, du Canada, du Brésil, de l’Argentine, de l’Afrique et des pays arabes, de Rome, de Milan et de toute l’Italie, de Paris, et de toute la France et particulièrement le diocèse de Saint Etienne avec qui nous sommes jumelés, pour les prières que vous avez offertes à notre intention, ce qui nous accordé un rapide rétablissement qui nous permettra de reprendre notre ministère au service de notre Église et notre peuple.

Nous vous assurons de notre amitié et de nos prières demandant au Seigneur de vous protéger de tout mal.

 

Vendredi, 08 avril 2016

                                                                             Père Mounir Khairallah


Lundi 15 avril 2015

Très chers amis

Je peux commencer à utiliser ma main droite, Dieu merci, avec la gauche pour vous écrire et vous mettre au courant des circonstances de l’accident et de ses conséquences.

Je commence par rendre gloire, louange et adoration à Dieu – Père, Fils et Esprit – pour nous avoir sauvés. Et je vous remercie de nouveau pour vos prières, vos pensées et vos sentiments d’amitié. Je vous présente tous, avec les offrandes de l’Eucharistie de chaque matin, par l’Amour de Dieu Notre Père, la grâce de Notre Seigneur Jésus Christ et la communion de l’Esprit-Saint.  

 

C’était le lundi 4 avril 2016, fête (retardée) de l’Annonciation. A 9h00, Nous sommes partis, Mgr Saadé et moi-même, à Bkerké pour fêter avec Sa Béatitude le patriarche Béchara Raï sa fête patronale (parce qu’il s’appelle Béchara = Annonciation) et le cinquième anniversaire de son intronisation (le 25 mars 2011).

A 10h00, Sa Béatitude préside la Messe entouré des évêques et un nombre de fidèles. Dans son homélie, il dresse le bilan de ses cinq années de patriarcat. Il revient sur sa devise « Charité et Communion » et sur plan patriarcal qui consiste à mettre en application les recommandations du Synode Patriarcal Maronite (2003-2006).

Après la Messe, Sa Béatitude salue les fidèles, puis se dirige vers la grande salle de réunion où il préside le sommet religieux chrétien avec les patriarches et les chefs des Eglises du Liban en présence du Nonce apostolique Mgr Gabriele Caccia.

A 13h15, alors que le communiqué final est lu à la presse, nous passons à table pour le déjeuner.

A 14h50, nous quittons Bkerké pour rentrer à Kfarhay.

A 15h21, l’accident a lieu à la hauteur de la localité de Barbara (après Byblos et Amchit). Nous sommeillions derrière, Mgr Saadé et moi-même. Je me suis réveillé à un premier coup, une voiture nous percute en doublant à droite ! Le jeune qui conduisait sa Volvo voulait faire du « between », passer entre les voitures, (c’est un peu la mode chez certains de nos jeunes). Notre voiture Toyota est projetée vers la gauche ; elle a cogné la barrière en béton armé qui sépare les deux voies de l’autoroute puis elle s’est rabattue en toute force vers la droite cognant un poteau électrique en bois, qui s’est cassé et tombé à côté de nous dans le canal d’eau de l’autoroute, non couvert ! et a fini par heurter le mur de l’autoroute. Par instinct, j’ai mis les deux mains devant moi pour me protéger. La main droite a reçu un coup du siège droit qui s’est cassé ; j’ai senti mon épaule éclater. Mgr Saadé est tombé entre les deux sièges et son corps a été coincé et ne pouvait plus bouger. Je le regarde ; je vois qu’il est conscient et il me répond qu’il ne pouvait plus bouger. J’interpelle le chauffeur ; il me répond qu’il n’a rien. « Descends alors », lui dis-je. Il était traumatisé ; il ne pouvait réagir. Je tiens ma main droite, et par la gauche j’ouvre ma portière ; je descends et j’ouvre celle du chauffeur ; il ne réussissait pas à desserrer sa ceinture de sécurité ; je le détache et je lui dis de passer de l’autre côté de l’autoroute. Je me mets à sa place, et je cherche mon téléphone portable. Par grâce, je le trouve sous les pieds. Je le prends et je passe trois coup de fil : à la famille, à l’hôpital de Jbayl et à l’assurance. Avant d’effectuer le quatrième coup de fil à la Croix Rouge, une ambulance de la Croix Rouge de Batroun se présente, trois minutes après l’accident ! Les jeunes revenaient d’une mission à Beyrouth. Le Seigneur les a envoyés au moment voulu. Ils descendent, me reconnaissent et crient « Père Mounir ! ». Je leur réponds : « Mon épaule est touchée, mais passez plutôt de l’autre côté sauver Mgr Saadé ». Ils obéissent. Je continue mes coups de fil ; je cherche mes papiers dans le tableau cassé de la voiture ; je les prends et je passe de l’autre côté. Ma tête saignait de toute part. Mgr Saadé était déjà sur la civière. Les gens nous entouraient déjà de toute part : mon frère Khalil, mon vicaire général Père Boutros et tant de Batrounais qui revenaient de leur travail. Je les tranquillise en leur parlant directement. Je monte dans l’ambulance à côté de Mgr Saadé et je leur demande de nous porter à l’hôpital Notre-Dame des Secours de Jbayl, où les médecins nous attendaient à l’urgence. Mgr Saadé avait l’épaule déplacée ; on le lui a remise après des radios et on l’a amené dans la chambre dans un état assez grave : il a 83 ans ; il avait subi une opération à cœur ouvert il y a six ans ; il respirait mal et tout son corps était tâché de sang.

Quant à moi, il m’a fallu un chirurgien pour soigner les blessures de la tête, en avant et en arrière, avec des points de suture. Tout cela en plus du mal de l’épaule. On me passe après aux radios : le médecin, professeur Jean-Claude Lahoud, découvre que l’os qui tient le haut de l’épaule a éclaté en cinq morceaux et les cinq os qui le tiennent étaient cassés. Mais, par grâce les tendons et les muscles étaient intactes. Il ordonne l’opération pour le lendemain et l’on me monte dans la chambre juste à côté de Mgr Saadé. Fait particulier : Mgr Saadé s’inquiétait de mon état, c’est un papa, et moi de mon côté je faisais de même.

Sa Béatitude le patriarche Raï a tenu à venir en personne jusqu’à l’hôpital, accompagné de plusieurs évêques, pour s’enquérir de notre état.

J’ai passé une nuit de douleurs inouïes et mon frère qui était à mes côtés m’entendait répéter toute la nuit : « en communion avec tes souffrances Seigneur Jésus ! Notre-Dame des douleurs ! Sainte Rafqa (ma patronne) ! ».

Le lendemain mardi 5 avril, à 11h30 on me descend au bloc opératoire où la prothèse était déjà prête. Le professeur Lahoud avait prévu deux heures pour l’opération très délicate ; mais je ne suis sorti qu’à 16h30 ! Il était sorti à 16h00 pour dire à la famille et aux centaines d’amis qui avaient envahi l’hôpital que l’opération avait bien réussi et qu’il fallait du repos.

Quant à mes deux frères de Paris, Samir et Joseph, qui avaient eu connaissance de l’accident étaient sérieusement inquiets, et ils n’arrivaient à nous atteindre au téléphone, jusqu’à ce qu’ils avaient parlé directement à Khalil. Joseph avait demandé qu’on lui envoyât les radios de l’épaule avant et après l’opération ; ce fut fait par le professeur Lahoud ; et la réponse venue de grands chirurgiens de Paris était : « opération bien réussie ; félicitations.

Les appels téléphoniques et les messages n’arrêtaient pas d’arriver de toute part : du Liban, de France, d’Italie, d’Allemagne, de l’Australie, des Etats-Unis, du Canada, du Brésil, d’Argentine, des pays arabes et des pays d’Afrique. Je ne savais comment rendre grâce au Seigneur et remercier tous les amis pour leurs prières et leurs sentiments de proximité. J’ai su aussi que l’Administrateur du diocèse de Saint-Etienne (qui attend toujours la nomination de son évêque), qui avait reçu la nouvelle par le Père Sami Nehmé (prêtre de notre diocèse en ministère pastoral et d’études à Saint-Etienne dans le cadre du jumelage), avait envoyé une lettre à tous les curés et les paroisses demandant de prier à l’intention des Pères Saadé et Mounir.

Ce n’est que le vendredi 8 avril que j’ai pu envoyer, depuis l’hôpital, un message d’action de grâce et de remerciements. Vous devez l’avoir reçu par mail.

Samedi 9 avril, je suis sorti de l’hôpital pour rentrer à l’évêché de Kfarhay ; mais j’ai tenu, avant tout, à passer prier sur la tombe de Sainte Rafqa à Jrabta. A l’entrée du couvent, la supérieure, les sœurs dont ma tante Ursule et le Père aumônier m’attendaient pour m’accompagner en procession jusqu’à l’église et la tombe de la sainte. Je me suis agenouillé devant le Saint Sacrement et les reliques de Sainte Rafqa et j’ai longtemps pleuré, pleuré en rendant grâce au Seigneur pour nous avoir sauvés.

Ce n’est qu’après avoir passé plus d’une heure auprès de ma patronne que je suis rentré à Kfarhay où une foule de fidèles m’attendaient. Nous avons prié à l’église de Saint Jean-Maroun et devant les reliques de Saint Maroun en rendant grâce au Seigneur par l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, sa mère et notre mère, et tous nos saints ; puis j’ai reçu tout le monde au salon.

Le lendemain 10 avril, Dimanche des disciples d’Emmaüs selon notre liturgie maronite, j’ai présidé la Messe d’action de grâces avec l’aide du Père Boutros Khalifé, notre compagnon à l’évêché, et en la présence d’une foule de fidèles venus de toute part. Après la lecture de l’évangile des disciples d’Emmaüs, je n’ai pu retenir mes larmes et mon émotion en témoignant que le Christ Jésus, ressuscité des morts, était à nos côtés et nous accompagnait sur le chemin. Il nous a sauvés. Peut-être il a encore besoin de nous pour servir son peuple dans la charité !  

J’ai déjà commencé des séances de physiothérapie. Le vendredi 22 avril, le médecin m’enlève les points de suture de l’opération et il me faudra trois à quatre semaines pour revenir à la normale si Dieu le veut.

Quant à Mgr Saadé, il n’est sorti de l’hôpital que le mercredi 13 avril ; et il a encore besoin de plusieurs semaines pour se rétablir.   

Louange, honneur et gloire à Notre Dieu - Père, Fils et Esprit – pour sa Miséricorde infinie et son Amour sans limite.

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