Séance ouverture du synode diocésain 26-10-2013

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Devise du synode diocésain

 

Titre :  « Sur les pas de Saint Jean-Maroun,

               Nous nous renouvelons et nous sommes sanctifiés par le Christ »

 

L’image : Saint Jean-Maroun, au-dessus du couvent de Kfarhay, regardant vers la     

                La Croix illuminée, vers les montagnes du Liban et vers le ciel

                Autour du couvent de saint Jean-Maroun : trois saints dont le diocèse

               accueille les tombes, et des groupes de la « Nation des paysans »,

               selon P. Youakim Moubarac

 

Explication :

1-    Symbole et rôle du diocèse de Batroun dans l’histoire des Maronites : la résidence, la forteresse, le centre et l’école

2-    Le rôle joué par les enfants de Batroun dans le cheminement de l’Eglise maronite

3-    Le gouvernement de l’Eglise maronite – Premier patriarche : l’Institution la plus stable et la plus durable dans l’histoire des Maronites

4-    Le couvent remplaçant celui de Mar Maroun sur l’Oronte (Relique de Saint Maroun) : la réalisation du concept de la Maronité /Terre et du Liban-Symbole

5-    Le rôle de la foi, de la culture et de la terre dans la défense de l’identité maronite

6-    Les Maronites à travers Saint Jean-Maroun ont relevé le défi :

a-     Nous avons notre patriarche et notre identité

b-    Nous avons notre foi en Jésus Christ en deux natures (Chalcédoine)

c-     Nous avons notre initiative et notre autonomie

7-    La marche derrière Saint Jean-Maroun :

a-     L’action permanente pour le renouveau de l’Eglise 

b-    La marche dans le bon sens

c-     La Maronité et la spiritualité stylite

d-    Les champs maronites

e-     Les constantes : la foi, la pioche et le crayon

8-    La Croix illuminée symbole de la présence du Seigneur au sein de son peuple maronite enraciné dans cette Montagne et cette terre sainte.

 

Lettre de Sa Béatitude le Patriarche Raï au synode diocésain de Batroun

 

« La bénédiction apostolique s’étend sur Son Excellence notre frère Mgr Mounir Khairallah, archevêque de Batroun, sur les membres du synode diocésain – prêtres, religieux, religieuses et fidèles – participants à ses travaux. 

 

Vous ouvrez aujourd’hui les séances du synode diocésain sous les lumières de l’Esprit-Saint, la protection de notre Mère la Vierge Marie la Mère de l’Eglise et Notre-Dame du Liban, et l’intercession de notre Père Saint Maroun et de Saint Jean-Maroun premier patriarche et patron du diocèse, en implorant  les prières de ses saints.

Nous vous félicitons, cher frère Mgr Mounir, pour cette initiative de la tenue du synode diocésain qui a pour objectif d’appliquer l’enseignement du Synode Patriarcal Maronite et de ses recommandations. Nous apprécions la manière de son organisation et de son lancement depuis son annonce le 26 février 2012, le jour de votre prise en charge du très cher diocèse de Batroun. Nous apprécions également le travail fait au cours de la période préparatoire et la période de la tenue du synode qui démarre aujourd’hui, en espérant la réussite de la période d’application par la suite.

Nous prions avec vous pour que ce synode soit à l’écoute de ce que dit l’Esprit à l’Eglise qui est à Batroun, à partir de la relecture des textes du Synode Patriarcal Maronite, tenu entre 2003 et 2006, et de la recherche de l’application de leurs recommandations selon les besoins du diocèse. Ce synode sera alors une nouvelle Pentecôte dans la vie du diocèse qui nous est très cher, de manière à l’insérer dans le cadre de la Nouvelle Evangélisation et du témoignage du Christ dans notre société et notre culture libanaise orientale.

Le Synode Patriarcal Maronite s’appuie sur trois piliers que votre synode doit prendre en considération : l’identité, le renouveau et le projet de la mission future.

L’identité, nous la récupérons en effectuant un retour à nos sources maronites antiochiennes, syriaques, catholiques, libanaises, arabes et mondiales. Toutes ces composantes ont formé l’identité des Maronites enracinés au Liban et dans les pays du Levant et répandus dans tous les continents, comme le cèdre et ses branches.

Le renouveau s’effectue en projetant les lumières de l’identité sur la réalité de notre vie présente, au niveau personnel et communautaire, en famille, en église, dans la société et la patrie, dans le but de réformer ce qui doit être réformé.

Quant au plan d’action future, il doit tenir compte de la mission confiée par le Christ Seigneur à l’Eglise universelle, à notre Eglise maronite en particulier, et à l’Eglise locale du diocèse de Batroun.

Nous remercions le Seigneur avec vous pour la grâce du synode diocésain, implorant sa bénédiction sur les travaux de ce synode et sur ses membres, pour la gloire de Dieu et le bien du diocèse et de l’Eglise ».

 

Lettre de Mgr Mounir Khairallah

A l’ouverture du Synode diocésain  26/10/2013

 

« Très chers fils et filles du diocèse de Batroun,

Prêtres, religieux, religieuses et laïcs,

Engagés dans les domaines : ecclésial, social, politique, économique, judiciaire, éducationnel, informationnel,

membres du synode, experts ou invités.

 

Je m’adresse à vous aujourd’hui, étant votre serviteur dans la charité, pour vous appeler à renouveler votre engagement à construire l’Eglise du Christ qui est à Batroun et à poursuivre votre cheminement dans le chantier du renouveau qui a démarré dans notre Eglise maronite et dans notre diocèse.

Je m’étais adressé à vous la première fois le 26 février 2012 le jour de la prise en charge de mon ministère épiscopal dans le diocèse de Batroun, pour vous proposer le projet de mon épiscopat, qui est le projet de notre Eglise maronite pour le XXIème siècle. C’est le projet adopté par nos Pères au Synode Patriarcal Maronite – au sein duquel j’étais le secrétaire depuis le début des travaux ante- préparatoires en juillet 1985 avec le Père Youakim Moubarac et l’Amicale du Clergé jusqu’à la clôture en juin 2006 – pour le renouveau de notre Eglise au niveau de ses personnes, de ses institutions et de sa mission en Orient comme en Occident ; et ce à travers le retour aux sources spirituelles et aux éléments fondateurs de notre identité syro-antiochienne.

Et c’est le projet adopté par Sa Béatitude le patriarche Mar Béchara Boutros Raï lors de son élection ; et il s’est promis de l’appliquer.

Il était normal que je m’engage moi aussi à l’appliquer dans le diocèse de Batroun puisque je suis toujours son secrétaire et que j’accompagne la démarche de son application.

Je m’étais adressé à vous pour la deuxième fois, le 2 mars 2013, à l’occasion de la fête de Saint Jean-Maroun, patron de notre diocèse, dans ma première lettre pastorale « Service et charité », dans laquelle j’ai exposé ma vision pour le renouveau de notre diocèse ; et je vous ai mis au courant des orientations dans le but de vous tenir informés de la vie du diocèse ; car je suis convaincu que chacun de vous a le droit et le devoir de s’informer et de prendre ses responsabilités. C’est notre diocèse ; c’est notre Eglise. Et j’ai lancé la convocation à un synode diocésain qui aurait pour objectif d’appliquer les recommandations du Synode Patriarcal Maronite dans le diocèse de Batroun.

Et, après avoir terminé les préparatifs, je viens aujourd’hui annoncer, en présence du délégué de Sa Béatitude Mar Béchara Boutros Raï et de Son Excellence le Nonce apostolique, dans cette université qui nous honore et honore la Congrégation des Sœurs de la Sainte Famille maronites, l’ouverture des travaux du synode diocésain en vous exposant sa définition, ses objectifs et les étapes de sa démarche. Je rappelle que le Synode Patriarcal Maronite s’est tenu à Notre-Dame du Mont, institution appartenant également à la Congrégation des Sœurs de la Sainte Famille maronites.

 

Premièrement : le synode diocésain – définition et objectifs

 

Le synode est l’organisme ecclésial qui réunit les pasteurs de l’Eglise et son clergé pour étudier les questions dogmatiques et pastorales de leur Eglise et pour marcher ensemble (c’est le sens synodos en grec), œuvrant selon le principe de l’unité du Corps mystique du Christ dans la diversité et portant au monde l’annonce de l’Evangile dans le témoignage de la charité tout en restant ouverts à l’action de l’Esprit et aux besoins de l’Eglise.

L’Eglise a connu, depuis sa fondation avec les Apôtres et jusqu’à nos jours, plusieurs synodes ou conciles : les synodes diocésains, les synodes régionaux, les conciles généraux et les conciles œcuméniques.

Notre Eglise maronite, a connu elle aussi plusieurs synodes, l’histoire en cite vingt  réunis depuis la fin du XVIème siècle jusqu’à nos jours. Les plus célèbres sont deux :

Le premier est le Synode libanais réuni à Notre-Dame de Louayzé en 1736 qui a organisé l’Eglise maronite selon le schéma tridentin et l’a lancé dans une mission d’ouverture à travers laquelle elle a servi l’Orient aussi bien que l’Occident et l’a fait entrer dans la modernité. Les preuves se trouvent dans les décisions prises de fonder les écoles à côté des églises et des couvents, et d’imposer l’enseignement gratuit et obligatoire aux enfants.

Le deuxième est le Synode Patriarcal Maronite, convoqué à la suite de la prise de conscience par l’Eglise maronite de sa situation actuelle qui fait d’elle une Eglise répandue à travers le monde, et tenu entre 2003 et 2006. Ce synode fut le résultat du travail d’une élite de Maronites, clercs et laïcs, de tous les pays du monde, qui ont cheminé ensemble, réfléchi ensemble, prié ensemble, et vécu une expérience synodale privilégiée et pionnière. Ce travail les a poussés à revenir aux sources de  la spiritualité des Pères fondateurs et de l’identité syro-antiochienne et a consolidé leur attachement à la personne du Patriarche, à l’institution patriarcale et au Liban, pays d’origine de leur Eglise, terre de saints et Pays-Message. Et ce travail les a lancés dans une dynamique de renouveau  spirituel, ecclésial et institutionnel.

1)        Le synode diocésain et sa composition

Le synode diocésain est l’organisme qui réunit autour de l’évêque des clercs et des laïcs afin d’étudier la situation du diocèse et prendre les mesures pour renouveler la vie diocésaine.

Les lois de l’Eglise, et en dernier lieu le Code des Canons des Eglises Orientales (can.235-242) et le Droit particulier de l’Eglise maronite (can.17-18),  recommandent la tenue d’un synode diocésain « qui apporte son aide à l’Evêque éparchial dans les affaires qui concernent les besoins spéciaux ou l’utilité de l’éparchie » (can. 235), et précisent qu’il « appartient à l’Evêque éparchial de convoquer le synode, de le présider par lui-même ou par un autre, de le transférer, le proroger, le suspendre et le dissoudre » (can. 237). « Restant sauf le droit de tout fidèle chrétien d’indiquer des questions à traiter dans le synode diocésain, il appartient au seul évêque éparchial de fixer les matières dans ce synode, de constituer une ou plusieurs commissions auxquelles il appartient de préparer les matières  à traiter dans le synode diocésain et veillera à ce que toutes les questions  proposées soient soumises à la libre discussion dans les sessions synodales » (can. 240). Le canon 238 nomme les personnes à convoquer au synode diocésain, prêtres, religieux, religieuses et laïcs, représentant tous les secteurs du diocèse ; et laisse à l’évêque le droit d’inviter, « s’il le juge opportun, d’autres personnes, sans exclure des personnes appartenant à d’autres Eglises de droit propre ou à d’autres communautés ». 

D’après ces canons, nous constatons que le synode diocésain n’est pas fait uniquement pour les clercs, mais aussi pour les laïcs à qui il donne un rôle distingué et fondamental. Et ce d’après le concile Vatican II qui a recommandé aux laïcs de s’engager dans l’Eglise aux côtés de l’évêque et des prêtres. L’institution synodale a alors connu une nouvelle dynamique à travers laquelle elle a appelé tous les fidèles baptisés à collaborer à la démarche de la préparation du synode, à sa tenue et à son application. Et la responsabilité commune signifie dès lors que tous les baptisés sont coresponsables dans le fait de vivre la foi et de porter la Bonne Nouvelle et la mission de l’Eglise.

Tenant à ces canons, nous invitons alors à participer à notre synode diocésain en tant que membres : le vicaire général, l’économe diocésain, le vicaire judiciaire, les membres du Secrétariat général et du Comité central du synode, le conseil presbytéral, le conseil diocésain de consulteurs laïcs (Conseil d’Etat diocésain), le conseil pour les affaires économiques, les prêtres du diocèse, la supérieure générale de la congrégation des sœurs de la Sainte Famille maronites, les supérieurs et supérieures des couvents du diocèse, le Recteur de l’Université de la Sainte Famille, les présidents et membres des  commissions diocésaines, ainsi que des délégués des comités des waqfs, les experts qui travailleront dans les commissions spéciales concernant les thèmes choisis pour le synode, clercs et laïcs spécialistes dans les domaines de l’ecclésiologie, la liturgie, l’Education, l’Economie, le social, le développement, l’information.   

Nous invitons aussi à ce synode le délégué de Sa Béatitude le patriarche, le Nonce apostolique, l’évêque émérite du diocèse, des évêques maronites, l’évêque de Saint-Etienne - France, diocèse en jumelage avec Batroun, les deux évêques melkite et orthodoxe de Batroun, le délégué de la communauté sunnite et celui de la communauté chiite de Batroun, les officiels du département (le ministre, les trois députés, le sous-préfet et les maires).

 

2)     Les objectifs du synode diocésain

Etant donné que notre synode diocésain a un cachet spécial et œuvre pour l’application du Synode Patriarcal Maronite dans notre diocèse, nous ne produirons pas de textes nouveaux ; ils sont déjà disponibles dans le livre du Synode Patriarcal Maronite paru en 2006, fruit du travail de nos Pères et de nos spécialistes. Notre synode vise alors trois objectifs :

a)La réception des textes du Synode Patriarcal Maronite. Nous travaillerons à  mieux comprendre leur contenu et à les diffuser puisqu’ils sont devenus des textes  référence pour notre Eglise et ont pour mission de nous guider dans nos engagements ecclésiaux et civils. C’est pourquoi j’ai tenu à rééditer ces textes (un livre de 1.000 pages) pour qu’ils soient distribués aux membres du synode.

b) Agir selon le contenu de ces textes et leurs recommandations. Car les textes du Synode Patriarcal contiennent des recommandations et des modalités d’application. Mais cela a besoin d’être mis en pratique selon les particularités de chaque diocèse. C’est pourquoi les commissions que nous avons chargées de la préparation de   l’application des recommandations travailleront avec les prêtres, les religieux et religieuses, les associations civiles et mouvements d’Eglise à approfondir le contenu de ces textes et à s’approprier les recommandations qui conviendraient à notre diocèse de Batroun.

c) Œuvrer pour le renouveau tant attendu au niveau des personnes et des institutions dans le diocèse. Et ce renouveau ne se fera qu’en partant du renouveau spirituel basé sur la Parole de Dieu, la prière et le témoignage de vie.

Et nous à Batroun, nous sommes particulièrement appelés à vivre ce renouveau spirituel car nous sommes les intendants du diocèse de Saint Jean-Maroun qui accueille les reliques et les tombes des saints : la relique de Saint Maroun à Kfarhay, la tombe de Sainte Rafqa à Jrabta, les tombes de Saint Nématallah et du Bienheureux Estéphan à Kfifane, et la tombe du patriarche Elias Hoyek à Ibrine dont j’ai eu l’honneur de nommer le tribunal d’enquête pour la cause de sa béatification il y a exactement un an.

C’est pourquoi nous avons choisi comme devise pour notre synode : « Sur les pas de Saint Jean-Maroun : nous nous renouvelons et nous sommes sanctifiés par le Christ ».

 

Deuxièmement : les étapes du synode diocésain

 

La démarche du synode diocésain passe par trois étapes.

1)     La période préparatoire.

La période préparatoire a commencé après l’annonce que j’avais faite dans ma lettre pastorale du 2 mars 2013, par la nomination d’un Secrétariat général composé de : Dr Nabil Khalifé, secrétaire général, et M. Youssef Sarkis, secrétaire, (les deux ayant une expérience synodale pour avoir été les délégués du diocèse dans le Synode Patriarcal Maronite), Mgr Samir Hayek, M. Souhail Matar et M. Saïd Baz, secrétaires adjoints.

Je l’ai fait suivre par la nomination d’un Comité central composé de : P. Georges Abdallah, P. Hani Matar O.L.M., Sœur Georges Marie Azar, Dr Sassine Assaf, Dr Antoine Khoury Harb, Dr Joseph Challita, Me Laurent Aoun et Dr Josiane Abi Khattar.

Et enfin par la nomination d’un comité de presse chargé de suivre la démarche du synode diocésain et composé de : Mme Laure Sleiman-Saab, Dr Georges Yazbek, M. Ghayath Yazbek, M. Youssef Hoyek, M. Habib Younès, M. Georges Bkassini, M. Toni Francis et Mme Lamia Najem-Chédid.

Le Comité central et le Secrétariat général ont travaillé des mois à établir un plan de travail comprenant : le calendrier, les questions à traiter dans le synode diocésain et le guide du synode. Et ils ont coordonné avec le comité de presse pour le lancement du synode.

Cette période préparatoire a été couronnée par deux événements qui ont aidé à lancer le synode. La première occasion fut la conférence de presse avec les journalistes du diocèse de Batroun à la résidence épiscopale de Kfarhay le dimanche 6 octobre 2013, précédée d’une Messe.

La deuxième occasion fut la journée spirituelle organisée pour les membres du synode le samedi 12 octobre 2013 à Hardine, Tannourine et Kfarhay, dans le but d’effectuer un retour aux sources spirituelles de notre Eglise maronite. Elle a été couronnée par une Messe intensément vécue à Hardine, à l’église saint Fouqa du VIème siècle. 

 

2)     La période de la tenue du synode

Cette période commence aujourd’hui avec la session inaugurale, que nous considérons comme la première session, au cours de laquelle le secrétaire général nous présente la vision du synode diocésain et ce que nous attendons de lui dans le sillage de la démarche de la réception du Synode Patriarcal Maronite. Puis le secrétaire nous présentera le guide du synode qui contient le calendrier, la méthode de travail, la liste des questions choisies pour être traitées dans le synode, un formulaire d’enquête adressée à tous les diocésains dans le but de les faire participer aux travaux du synode.

Cette période s’étalera sur deux ans, jusqu’en octobre 2015, durant lesquels les experts travailleront sur les textes et recommandations du Synode Patriarcal Maronite, d’après les formulaires d’enquête, et chercheront à trouver les modalités de leur application dans notre diocèse de Batroun. Ils présenteront les textes de leurs recommandations à la deuxième session (octobre 2014), après les avoir élaborés avec le secrétariat général et le comité central, où ils seront discutés. Les remarques serviront aux experts pour réviser leurs textes afin de les présenter à la troisième session (avril 2015), puis à la quatrième et dernière session (octobre 2015) où les recommandations seront votées.

Durant cette période aussi, nous travaillerons ensemble à généraliser la démarche de renouveau dans les paroisses, les couvents et les institutions du diocèse, tels les écoles, les mouvements d’Eglise et les associations, et nous réserverons une attention spéciale à ceux qui sont loin du cadre ecclésial, car nous les considérons au cœur de l’Eglise locale, notamment les jeunes qui auront à cueillir les fruits de ce synode. 

Il est tout à fait normal que les célébrations et les prières accompagnent la démarche synodale, notamment la prière spéciale que nous avons conçue pour le synode diocésain.

 

3)     La période de réception ou d’application

Une fois le synode terminé et les recommandations votées, il s’agit de les appliquer sur le terrain. Nous sommes conscients que ce sera une démarche longue qui exigera de la part de nous tous des efforts conjugués pour appliquer ce que nous avons décidé ensemble.

Cet engagement à la réception et à l’application dénote, d’un côté, que nous sommes convaincus de ce que nous avons fait ensemble et, de l’autre, que nous sommes les fils et filles de notre Eglise locale et membres de l’Eglise Corps mystique du Christ prêts à mettre à profit les dons et charismes reçus pour la construction du Royaume du Dieu.

Cette démarche, qui accompagne celle de l’application du Synode Patriarcal Maronite, nous fait comprendre que notre Eglise locale fait partie de l’Eglise maronite, de l’Eglise Orientale et de l’Eglise Catholique, et qu’elle est appelée à porter sa mission particulière. Elle nous pousse par ailleurs à consolider notre appartenance ecclésiale, parce que nous constituons ensemble, pasteurs et fidèles, l’unique Eglise du Christ et nous collaborons à sa construction pour la gloire de la Trinité sainte.

 

Conclusion 

 

En conclusion, je vous exhorte, vous tous qui représentez les différents secteurs du diocèse, à être à l’écoute de l’Esprit-Saint qui parle en chacun de nous, et à vous engager dans la démarche synodale et dans le chantier du renouveau qui nous incitent à servir notre Eglise dans la charité et à témoigner de la présence permanente du Christ parmi nous.

Notre synode sera alors une occasion pour un examen de conscience, un sincère repentir et une résolution pour le renouveau demandé. Il sera aussi une occasion pour la rencontre et le dialogue dans la vérité afin de nous permettre de rejeter nos litiges et de nous traiter avec humilité, pardon et charité. Et nous serons prêts à répondre positivement à l’appel à la sainteté que nous adresse le Christ Jésus dans le diocèse de Batroun.

Je rends grâce au Seigneur avec vous pour les dons reçus par l’Esprit-Saint. Et je vous demande de multiplier les prières durant cette démarche synodale pour que le Seigneur nous procure, par l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie Notre-Dame du Liban, Saint Maroun, Saint Jean-Maroun et tous les saints, de vivre une nouvelle pentecôte qui nous permettra de servir le Christ dans nos frères.

Et dans tout ce travail, nous ne sommes que des serviteurs inutiles, comme dit Saint Paul, serviteurs dans notre Eglise qui est notre mère et dont nous sommes fiers de voir son visage briller de la lumière du Christ.

Puisse notre diocèse, qui entre dans cette aventure synodale, dans laquelle le diocèse d’Antélias nous a précédée, inciter d’autres diocèses à mener la même aventure afin de nous retrouver un jour dans la démarche de renouveau de notre Eglise maronite qui regarde avec espérance vers l’avenir de sa mission à travers le monde et qui reste attentive à ce que dit l’Esprit ». 

 

Mot Dr N. Khalifé, synode 26 oct 2013

 

« 1- Les synodes ecclésiaux sont l’expression de la prise de conscience d’une Eglise et de la perception d’elle-même et de ses besoins à un moment et un lieu précis. Ce qui est important, c’est le rôle que joue le synode dans la prise de conscience d’une communauté de fidèles dans une période historique précise qui permet le renouveau, l’évolution et l’actualisation dans la pratique ecclésiale.

Bref, le synode est l’écho de la conscience de l’Eglise.   

2- A partir de la notion théologique du synode et de son importance, bien expliquée par Son Excellence notre évêque, on comprend les motivations et les exigences intellectuelles qui ont porté à la convocation d’un synode diocésain à Batroun par Son Excellence Mgr Mounir Khairallah, Secrétaire général adjoint du Synode Patriarcal Maronite et porteur du souci synodal maronite aux côtés du Père Youakim Moubarac depuis les années quatre-vingt du siècle dernier.

L’objectif premier de cette initiative diocésaine est la conversion du Synode Patriarcal Maronite de textes imprimés dans les livres à des lettres vivantes dans les âmes et les consciences. C’est une initiative qui joint à la fois la personnalité pastorale vigilante, je veux indiquer par là celle de notre pasteur S. Exc. Mgr Khairallah, à la base objective appropriée, je veux indiquer par là la région de Batroun, le berceau de la Maronité et le diocèse portant l’histoire vénérable des Maronites et de leur Eglise.

Le but du travail de notre communauté diocésaine n’est pas uniquement celui de  constituer un modèle à partir du travail synodal du diocèse de Batroun, mais aussi celui de relever le défi spirituel et historique face aux autres diocèses maronites dans le monde. Ce défi nous impose d’appliquer l’Exhortation apostolique du Pape Jean-Paul II « Une espérance nouvelle pour le Liban » et les textes du Synode Patriarcal Maronite et non seulement de se contenter de les lire. Nous incarnerons ainsi l’histoire maronite, nous la rendrons efficace et nous jouerons le rôle de pionniers. D’où l’importance de notre projet synodal qui honore notre histoire, met en relief notre présent et dessine notre avenir.

3- Il est vrai que ceux qui portent ce projet synodal sont une pléiade de responsables  qui ont mis à l’épreuve leur crédibilité spirituelle, intellectuelle et organisationnelle. Mais les vrais intéressés de ce projet sont vous-mêmes ici présents et les frères et sœurs diocésains de Batroun. Vous et nous, sommes les membres du même Corps du Christ, l’Eglise, au sein duquel et pour qui nous travaillons. C’est pourquoi, au nom du comité central et du secrétariat général du synode diocésain, je m’adresse à tous les fils et filles de Batroun et je les exhorte à participer à la réussite du projet du synode diocésain, qui est une synthèse des deux plus précieuses caractéristiques du Liban et des Maronites, c'est-à-dire le Liban/symbole et le Liban-Message.

4-Le synode est, premièrement, l’expression de l’essence de la religion chrétienne qui est la religion du questionnement plus que la religion des réponses toutes faites. Le Synode Patriarcal Maronite a posé, à la fin de chaque texte, une série de questions et nous a appelés à y répondre. Ayons le courage de réfléchir sur ces questions, de les méditer et de proposer des réponses adéquates. Et que ce courage nous pousse à proposer de nouvelles questions qui expriment le renouveau et la libération proposés par la religion du Fils de l’Homme, partant de données théologiques selon lesquelles le chrétien n’est pas conduit par le texte religieux mais il marche avec le texte religieux dans le cheminement historique en cherchant de découvrir la volonté de Dieu dans l’expérience quotidienne. Ce qui le libère de l’intégrisme, qui est la porte d’entrée du fondamentalisme. Nous ne sommes pas les serviteurs de Dieu, mais les fils de Dieu en Jésus Christ. « Le Christ nous a délivrés pour être libres » (Gal. 5,1).

5-Ce synode est, deuxièmement, le signe de la position centrale de la région de Batroun dans la présence maronite au sens géopolitique du mot, c'est-à-dire la  présence historique et géographique. La région de Batroun était et reste le centre de la présence maronite entre le Nord et le Mont-Liban. C’est la résidence, la forteresse, le centre et l’école à la fois. Et c’est là où, à travers la résidence du Premier patriarche et la construction du couvent Saint Maroun – Kfarhay avec la présence des reliques de Saint Maroun, se sont affirmés les trois caractéristiques : la Maronité/Terre, le Liban/Symbole et l’identité maronite libre.

6-Ce synode, troisièmement, porte une dimension historique ou plutôt un défi historique pour remplir le vide dans l’histoire des Maronites. Depuis le patriarche Etienne Douaihi, en effet, jusqu’aux Pères Youakim Moubarac et Michel Hayek ainsi que S. Exc. Mgr Hamid Mourani, et d’après leurs écrits, nous constatons un vide dans l’histoire des Maronites. Le Maronite, disent-ils, est moins sensible au  temps présent, alors qu’il est plu solide vis-à-vis du passé et plus attentif vis-à-vis de l’avenir vers lequel il est tendu. Et puisque le présent est le temps des événements et de l’expérience, il suppose la vigilance, le courage, la raison, l’authenticité et l’ouverture au monde. Le synode diocésain est la thèse du présent dans notre histoire à partir duquel nous remplissons le vide et nous réalisons la cohésion et l’efficacité au sein de la philosophie de l’histoire, puisque nous réalisons la continuité et la complémentarité dans l’histoire des Maronites.

7- Ce synode est, quatrièmement, une nouvelle pierre dans l’édifice fondateur maronite. La Maronité s’est affirmée, depuis sa fondation, comme mouvement rénovateur dans l’Eglise orientale et comme communauté se basant sur les institutions ; et ceci est visible  dans la communauté de Beit Maroun, dans l’Eglise patriarcale, dans la constitution de l’entité libanaise avec le patriarche Elias Hoyek, dans l’écriture de son histoire depuis le patriarche Douaihi jusqu’au Père Boutros Daou, en passant par Mgr Youssef Debs. C’est un acte pionnier que l’historien Kamal Salibi renvoie à la prise de conscience des Maronites de leur identité,  devançant ainsi les autres communautés orientales ; Et enfin dans la pratique synodale à travers les différents synodes maronites, et surtout le Synode Libanais de 1736 et le Synode Patriarcal Maronite (2003-2006).  Et notre synode diocésain, qui s’insère dans cette pratique synodale, pourrait être ajouté à l’édifice maronite.

 

8-En se rappelant du Jubilé du seizième centenaire de la mort de Saint Maroun célébré en 2010, le synode diocésain nous met devant le défi existentiel, mais aussi le défi de la philosophie de l’existence maronite, c'est-à-dire beaucoup plus que le fait d’exister. Quel est le but pour lequel il faut que nous existions au Liban, en Orient et dans le monde ? Il est vrai que notre Eglise est une Eglise de frontières dans le sens géopolitique, et elle est exposée à tous genres de persécutions et de défis. Mais la Maronité était et reste, dans l’essence, un projet de liberté dont le symbole est le Liban. Sur ce, nous ne sommes pas et nous ne pouvons jamais être des gardiens de frontières ni pour Israël, ni pour l’Occident, ni pour l’Orient. Nous sommes en toute fierté les gardiens de frontières de la « dignité humaine qui est le centre de la morale chrétienne, parce qu’elle est l’équivalent de la liberté », selon le cardinal Ratzinger – Pape Benoît XVI. Et ce synode diocésain constitue la boussole et la route vers la réalisation de cet objectif grâce à plusieurs facteurs : la foi ancrée, le patrimoine riche, le centre géographique excellent,  l’évêque illuminé et la communauté engagée au service de son Dieu, de son Eglise et de son peuple. Nous sommes les fils de l’espérance, nous oeuvrons pour la réussite de cette expérience synodale. C’est une expérience qui représente l’audace prophétique, car elle s’inspire de la pensée de Youakim Moubarac et du génie de Michel Hayek pour illuminer le grand potentiel latent dans la profondeur de la pensée maronite. Et, avec le synode, nous mettons ce potentiel au service de l’Eglise maronite afin  qu’elle se renouvelle et qu’elle rayonne partout, car elle est « l’Eglise de l’amour », « l’Eglise de la nouvelle naissance », « l’Eglise de la nation des Paysans ». C’est ainsi qu’elle a été baptisée le Père Youakim Moubarac.

Que le Christ soit avec vous, et que Dieu vous bénisse ».