Rencontre Eleves Terminale 11 avril 2014

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Vendredi 11 avril 2014

Rencontre des élèves de Terminale de tous nos lycées privés et publics dans le diocèse au théâtre de l’Université de la Sainte Famille – Batroun.

La rencontre est préparée par la commission synodale de l’Education dans le but de donner la parole à nos jeunes, avenir de l’Eglise et de la patrie, et de les écouter. Ils sont 262 à participer à cette rencontre venus de tous les coins du diocèse, depuis Tannourine et Douma jusqu’à Batroun.

Nous commençons par l’hymne national puis la prière du synode diocésain. Le secrétaire de la commission de l’Education leur donne le bienvenu. Ensuite c’est mon tour de leur adresser la parole :

 

 

Mes frères et sœurs, élèves des classes terminales de nos lycées batrouniens.

 

Je suis fier de vous et je me réjouis de vous accueillir à cette rencontre ecclésiale et éducative qui a pour objectif de vous écouter présenter vos préoccupations et vos aspirations pour la construction d’une société qui respecte les valeurs pour lesquelles le Fils de Dieu Jésus Christ s’est incarné et a voulu mourir sur la croix par amour pour les hommes et pour leur donner la Vie.

 

Cette rencontre est insérée dans le cadre de la démarche synodale de notre diocèse qui vise le renouveau spirituel ainsi que le renouveau des personnes et des institutions en application des recommandations du Synode Patriarcal Maronite.

 

J’avais, en effet, convoqué à la tenue de ce synode dans ma première lettre pastorale le 2 mars 2013 ; et nous avions célébré la séance d’ouverture le 26 octobre dernier. J’avais expliqué que « le synode diocésain est l’organisme qui réunit autour de l’évêque des clercs et des laïcs afin d’étudier la situation du diocèse et prendre les mesures pour renouveler la vie diocésaine » (Cf. CCEO – Code Canonique des Eglises Orientales).

 

Et nous avons démarré la démarche synodale qui nous engage tous, clercs et laïcs, grands et petits, jeunes et enfants. Les commissions que nous avons nommées ont commencé à travailler sur les questions et les thèmes qui intéressent notre peuple et notre diocèse de Batroun, et surtout les deux thèmes de l’Education et de la Jeunesse.

 

Et vous les Jeunes - avenir du diocèse, de l’Eglise et de la patrie - vous êtes directement concernés par ces deux thèmes et vous êtes partenaires des décisions à prendre concernant votre avenir dans l’Eglise et dans la patrie. C’est pourquoi nous préparons avec la commission synodale de la Jeunesse des rencontres pour les mouvements d’Eglise comprenant des jeunes engagés et des rencontres pour les jeunes non engagés, pour arriver à organiser les Journées Diocésaines de la Jeunesse en juillet prochain. Et avec la Commission de l’Education, nous avons organisé une rencontre pour les directeurs et directrices des écoles privées et publiques dans notre diocèse, puis une rencontre pour les enseignants dans le but de fêter ensemble la fête de l’instituteur. Puis nous avons décidé d’organiser cette rencontre pour les élèves de Terminale qui serait préparé par un questionnaire auquel vous avez répondu exprimant vos points de vue sur des questions intéressant l’avenir de l’Education dans nos écoles. C’est parce que vous voulez, comme nous, construire une société qui respecterait les droits et devoirs de tous les citoyens et qui soit basée sur les valeurs chrétiennes et humaines.

 

Nous avons reçu de grand cœur vos réponses qui dénotent une maturité et une responsabilité auxquelles nous ne nous attendions pas. Nous apprécions hautement  ce que vous avez exprimé et nous prendrons en compte vos points de vue dans la rédaction des recommandations de notre synode diocésain.  

 

Voici la lecture de vos réponses au questionnaire qui vous a été adressé.

 

1-A la première question concernant les techniques d’orientation à la vie universitaire et professionnelle adoptées dans votre école pour votre intégration à la vie universitaire et professionnelle, vous avez répondu :

 

Orientation  62 %

 

Forum universitaire  44,2 %

 

Forum des métiers  33,2 %

 

2- A la deuxième question concernant les techniques d’enseignement adoptées dans votre école pour développer vos capacités personnelles :

 

Apprentissage  43,6 %

 

Tables rondes  29,3 %

 

Recherches personnelles 28 %

 

3- A la troisième question concernant les activités parascolaires : 

 

Il semble que les activités parascolaires occupent une place importante dans vos écoles : sorties orientées 39,9 % ; arts 45,3 % ; journées sportives 40,7 % ; compétitions 35,4 %. 

 

4- A la quatrième question concernant le domaine dans lequel votre école adopte la technologie :  

 

Dans les matières enseignées 53,1 %

 

Dans les recherches 40 %

 

Dans les moyens de communication (site web, facebook, etc…) 39,4 %

 

5 – A la cinquième question concernant les droits et les devoirs des élèves qui sont appliqués dans votre école :  

 

Appartenance nationale 86,6 %  (50% très bien et 36,6 % bien)

 

Esprit de participation 82,4 %  (41,2 % très bien et 41,2 % bien)

 

Et les autres - Egalité, Respect de l’autre et Liberté d’opinion- ont obtenu plus de 70 % entre très bien et bien.

 

Cela montre que les droits et devoirs, et en tête l’appartenance nationale, sont respectés dans vos écoles. Cela montre aussi que notre contexte scolaire batrounien est encore sain du fait qu’il respecte les droits et devoirs et insiste à les appliquer dans l’éducation.

 

6-A la sixième question vous demandant de classer de 1 à 10 les valeurs et principes sur lesquels vous avez été éduqués dans votre école :

 

Amour et Pardon, qui est la valeur chrétienne par excellence, est arrivé en première position avec 44,1 %, et loin derrière arrivent les autres qui sont : la responsabilité 23,3 %, le dialogue 7,9 %, le respect de la diversité 7 %, le bénévolat 4 %. Cela voudrait-il dire que ces autres valeurs peuvent être comprises dans celle de l’Amour et du Pardon éminemment chrétienne ?  

 

7-A la septième question vous demandant si vous donnez à la catéchèse la même place que les autres matières académiques :

 

Oui  83,7 %

 

Pourquoi ? « Parce que la catéchèse éduque aux valeurs chrétiennes et nous apprend comment se comporter avec nos frères dans l’humanité », selon l’un de vous. 

 

Je considère que cette réponse est un message à votre Eglise, et à moi votre évêque en particulier, ainsi qu’aux directeurs et directrices des écoles et aux corps enseignants.

 

Nous avons reçu le message. Nous doublerons nos efforts pour valoriser la catéchèse dans nos écoles privées et publiques.

 

8- A la huitième question vous demandant de classer les traits caractéristiques de votre école :  

 

Etablissement d’enseignement 51,6 %

 

Etablissement éducatif  43,1 %

 

Etablissement culturel  4 %

 

Etablissement social  1,3 % .

 

Nos écoles sont donc des établissements académiques et éducatifs plutôt que des établissements culturels ou sociaux.

 

Et ceci se trouve en parfaite logique avec vos réponses à la deuxième question où l’apprentissage prend la première place parmi les techniques d’enseignement.

 

9- A la neuvième question : comment vous imaginez-vous votre école en 2024 ?

 

70 % ont répondu que leur école serait en voie de développement. 

 

Mais les autres réponses nous ont fortement secoués. Car elles décrivent une réalité amère, surtout dans les écoles publiques qui souffrent de négligence de la part de l’Etat.

 

Ces réponses disent : « Notre école n’existera plus, puisque nous serons partis » !  Selon un élève de Tannourine (qui pense que les habitants de la montagne auront quitté leur ville natale soit pour le littoral soit pour l’émigration).

 

« Elle sera détruite », ou « un amas de décombres », ou carrément « un abri pour les réfugiés syriens » !  

 

Ces réponses nous incitent à réfléchir en profondeur à l’avenir de nos écoles et à exiger de l’Etat de prendre ses responsabilités. 

 

Il est bon d’attirer ici l’attention sur le rapport général du HCR présenté à la presse il y a à peine huit jours, le 3 avril dernier, qui donne des chiffres effrayants et nous incitent à la réflexion et à l’examen de conscience. Il parle de « plus d’un million de réfugiés syriens au Liban, dont 50% des enfants. Les enfants en âge scolaire comptent 400.000 ; ce qui constitue presque le double des effectifs des écoliers libanais dans les écoles publiques ». (Cf. l’Orient-Le Jour, 4 avril 2014). Et c’est la réalité qui nous est apparue lors des tables rondes de la rencontre des enseignants le 8 mars dernier.

 

 

 

Conclusion

 

Très chers jeunes ! Votre Eglise vous aime ; elle est votre maman spirituelle ; elle a confiance en vous et attend de vous que vous portiez sa mission auprès de vos contemporains avec joie, amour et espérance.

 

Et moi, votre évêque et votre serviteur dans la charité, je vous dis : j’ai bien reçu votre message, entendu votre cri d’alarme et compris vos préoccupations. Je ferai tout mon possible, avec les conseillers dans les conseils et commissions qui sont autour de moi, et dans les limites de nos prérogatives, pour répondre à vos requêtes et exiger des responsables politiques et civils d’accomplir leurs devoirs de vous assurer un avenir meilleur.  

 

Il nous reste cependant de nous unir, de marcher ensemble la main dans la main et de croire fermement en notre mission d’apôtres de Jésus Christ sur sa terre d’incarnation et d’artisans de paix et de réconciliation, ayant pour objectif de  construire la société que vous souhaitez pour vos enfants et les générations à venir. Nous aurons alors offert nos grands sacrifices afin que nos enfants jouissent

 

D’une patrie renouvelée, libre et souveraine digne de leur avenir.

 

N’oubliez pas que le Christ Jésus, votre et notre Seul Sauveur, vous comprend et marche à vos côtés et vous confie à la miséricorde infinie de Dieu le Père par la communion de l’Esprit et à la protection de Sa Mère la Très Sainte Vierge Marie, Notre-Dame du Liban. Rappelez-vous enfin, lorsque vous serez grands et responsables, de tout ce que vous avez dit et exigé ici aujourd’hui !       

 

          Nous avons ensuite donné la parole aux représentants des lycées. Les élèves de chaque lycée s’étaient réunis pour écrire un document comprenant leurs doléances et requêtes et avaient élu l’un d’eux pour présenter le document à l’évêque au cours de cette rencontre.

Ces documents confirment ce qu’ils avaient dit dans les réponses au questionnaire et expriment leurs aspirations et leur déception envers les responsables politiques.