Vatican Insider
Interview de Mgr Khairallah
Giorgio Bernardelli, Milano - Publié le 14 avril 2018
« Au Moyen-Orient la partition ne vaincra pas ».
L’évêque libanais Mounir Khairallah sur les tempêtes de guerre en ce moment : « La lutte des intérêts entre les Grandes Puissances est évidente. Mais nous continuons à témoigner que le vivre ensemble est possible ».
« Vous voulez la vérité ? La majorité de nos peuples au Moyen-Orient ne peuvent pas décider de leur avenir. Ce sont les autres qui décident pour eux. Je pense que la crise est là ».
Pendant ces heures de grande tension au Moyen-Orient, Monseigneur Mounir Khairallah, évêque maronite de Batroun au Liban, suit depuis Milan les nouvelles en provenance de la Syrie. Demain il présidera la cérémonie des confirmations à la paroisse de San Nicolao della Flue, et lundi il donnera une conférence à Tradate. Mais entre temps, l’attaque de missiles est déclenchée en réponse à l’usage prétendu d’armes chimique dans le quartier de la Ghouta à Damas. Même si la portée de ces opérations militaires semble limitée, la crainte d’une aggravation reste vive et préoccupe aussi le Liban, pays en première ligne où tant de réfugiés syriens ont trouvé demeure.
-Mgr Khairallah, que se passe-t-il ?
- Je ne voudrais pas entrer directement dans les questions politiques. Mais nous voyons clairement la lutte des intérêts sur le terrain du Moyen-Orient. Cela me rappelle les événements du XIXème siècle : à cette époque, la Russie était entrée sur le terrain en concurrence culturelle et religieuse avec les Protestants anglo-américains et les Catholiques italiens et français. Même alors, sous l’étiquette religieuse et culturelle, il y avait une lutte d’intérêts politiques et économiques ; et le résultat fut la partition du Moyen-Orient après la Première guerre mondiale.
C’est la même chose qui est en cours aujourd’hui ; les Américains, qui ont des intérêts économiques et politiques, parlent expressément d’un ‘ Nouveau Moyen-Orient ‘. Israël et l’Arabie Saoudite rêvent d’une nouvelle partition géographique et de nouveaux Etats confessionnels : avec Israël Etat juif, ils veulent un Etat alawite en Syrie, un Etat chrétien au Liban, un Etat sunnite entre la Syrie et l’Irak, un Etat chiite en Irak, un Etat kurde entre l’Irak, la Syrie et la Turquie, ce que cette dernière refuse catégoriquement. Et la Russie, derrière l’étiquette de la défense des minorités chrétiennes, porte ses intérêts géopolitiques. Je ne pense pas qu’on arrivera à une guerre ouverte entre Américains et Russes ; mais c’est une mise en scène pour que chacun montre sa force et se confirme sur le terrain.
-Et l’Iran, y a-t-il une préoccupation pour son avancée au Moyen-Orient ?
- Au Liban, il n’y a aucune préoccupation ; l’Iran est loin. Téhéran est un diable pour les Américains et pour Israël ; alors que c’est l’Arabie Saoudite et les pays du Golfe qui ont financé par des centaines de milliards de dollars le fondamentalisme sunnite et l’Etat de l’ISIS accentuant le conflit entre sunnites et chiites. Maintenant ils disent qu’ils n’ont pas appuyé l’ISIS ou autres factions extrémistes et qu’ils les combattent.
-Dans ce contexte, quel est le rôle des Eglises ?
- être une présence qui témoigne l’amour de Dieu pour toute l’humanité ; montrer que l’on peut vivre ensemble dans la diversité des religions, des confessions, des appartenances politiques et culturelles. C’est le rôle de l’Eglise, et surtout de l’Eglise du Liban que le Saint pape Jean-Paul II avait appelé ‘Pays-Message’. Nous disons aux Grandes Puissances : n’allons pas vers le fondamentalisme, l’intégrisme et l’extrémisme qui débouchent dans le terrorisme. Mais ces Grandes Puissances n’acceptent pas parce qu’elles ont leurs intérêts et veulent la guerre pour montrer qu’il n’est pas possible de vivre ensemble. L’histoire dans nos pays est faite au contraire de communautés composites : le Liban, la Syrie, l’Irak et l’Egypte sont le berceau de diversités ethniques, culturelles et religieuses. Pour cette raison, dans la région qui est la terre de Jésus Christ, nous devons rester les témoins du vivre ensemble dans le respect de nos diversités et du service de l’homme, tout homme, qui a droit de vivre dans la dignité et la liberté.
-Mais ceci est-il encore possible en Syrie, malgré tout ce qui est arrivé depuis les sept dernières années ?
-Sûrement. Sur le terrain, nous voyons la Syrie déjà divisée en deux ou trois parties. Mais cela ne peut pas tenir, car c’est une partition imposée. Une Syrie démembrée est ce que veut Israël ; mais ils se trompent. Les pays confessionnels ne sont pas l’avenir ; sinon la perspective d’avenir est ce qui arrive actuellement : nous allons vers l’exclusion de l’autre, vers le fanatisme et la fermeture et cela ne pourra pas durer éternellement. Le projet de la division n’a pas réussi au Liban après vingt ans de guerre et ne réussira pas en Syrie.
-Reste alors le drame des réfugiés syriens …
-Le Liban ne supporte pas le poids le plus lourd : nous sommes un pays géographiquement petit, avec quatre millions d’habitants. Pour nous, accueillir un million et demi de réfugiés syriens, auxquels il faut ajouter cinq cent mille palestiniens qui sont au Liban depuis soixante-dix ans, est une charge au-dessus de nos possibilités. Nous l’avons accepté pour ne pas nier aux Syriens qui fuient la guerre atroce le droit à la vie. Mais tous seuls nous n’arrivons plus à supporter le poids. 10 % de l’aide internationale promise arrive jusqu’au Liban par le moyen de l’HCR (Haut Commissariat des Réfugiés) ; ils nous promettent des milliards, mais seuls quelques millions nous arrivent. Le résultat est que tous les Libanais sont touchés : les citoyens sont sous le seuil de la pauvreté qui est monté à 35 % ; une donnée impensable il y a dix ans. Les Libanais ne veulent pas chasser les Syriens ; mais ils ne peuvent plus supporter.
-Y-a-t-il une autre perspective possible ?
-L’unique chemin est de rétablir la paix en Syrie. Et, malgré tout ce qui se passe, je suis convaincu que la paix est proche. Parce qu’aujourd’hui l’affaire la plus rentable n’est plus la vente des armes mais la reconstruction de la Syrie ! Les calculs américains estimaient il y a deux ans à 300 milliards de dollars ce business ; aujourd’hui il est estimé à 400 milliards. Et celui qui était intéressé à faire éclater la guerre pour vendre les armes, aujourd’hui il est intéressé à la reconstruction. Sûrement l’intervention de la Russie a changé les plans mettant en jeu ses propres intérêts. Mais à la fin chacun prendra sa part. Et c’est ce qui se négocie actuellement entre les Grandes Puissances.
“In Medio Oriente la spartizione non vincerà”
Il vescovo libanese Mounir Khairallah sui venti di guerra di queste ore: «È evidente la lotta di interessi tra potenze. Ma continuiamo a testimoniare che vivere insieme si può»
Monsignor Mounir Khairallah, vescovo di Batroun (foto da www.chiesadimilano.it)
Pubblicato il 14/04/2018
Ultima modifica il 16/04/2018 alle ore 12:30
Giorgio Bernardelli
Milano
«Vuole la verità? Tanti nostri popoli in Medio Oriente oggi non possono decidere il loro futuro; sono gli altri a decidere per loro. Ecco, io penso che la crisi stia tutta qui». In queste ore di grande tensione per il Medio Oriente, monsignor Mounir Khairallah, vescovo maronita di Batroun in Libano, segue da Milano le notizie in arrivo dalla Siria. Domani amministrerà la cresime nella parrocchia di San Nicolao della Flue, lunedì sera parlerà a Tradate. Ma intanto sui cieli del Medio Oriente l'attacco missilistico in risposta al presunto uso delle armi chimiche al quartiere della Ghouta a Damasco è scattato. E anche se - per ora - le operazioni militari appaiono di portata limitata, il timore di una escalation rimane e preoccupa ovviamente anche il Libano, paese in prima linea dove molti dei profughi siriani hanno trovato rifugio.
Monsignor Khairallah, che cosa sta succedendo?
«Non voglio entrare direttamente nelle questione politiche di queste ore. Però vediamo chiaramente la lotta degli interessi in campo in Medio Oriente. Mi ricorda quanto accadde già nel XIX secolo; anche allora la Russia era entrata in campo in concorrenza culturale e religiosa rispetto alla penetrazione del mondo protestante anglosassone e di potenze cattoliche come la Francia. Anche allora sotto le etichette religiose c'erano interessi politici ed economici e il risultato fu la spartizione al termine della prima guerra mondiale. La stessa cosa sta succedendo ora: gli americani parlano espressamente di un nuovo Medio Oriente. Con Israele e l'Arabia Saudita vogliono una nuova geografia dai confini confessionali: come Israele è uno Stato per gli ebrei, vorrebbero creare in Libano uno Stato per i cristiani, in Siria uno Stato per gli alawiti, un altro per i sunniti tra Siria e Iraq, una nazione per i curdi... E la Russia, da parte sua, dietro la difesa delle minoranze cristiane porta avanti i suoi interessi geopolitici. Non penso si arriverà alla guerra aperta fra di loro; ma ciascuno oggi cerca di dire: sono io il padrone».
E l'Iran? C'è molta preoccupazione in Occidente per la sua avanzata in Medio Oriente.
«In Libano non c'è nessuna preoccupazione per l'Iran. Teheran è un diavolo per gli americani e per Israele. Ma a noi non fa paura quanto i sauditi. Perché è stata l'Arabia Saudita con i Paesi del Golfo a finanziare per centinaia di miliardi di dollari la guerra sotto la bandiera di questo estremismo, rinfocolando lo scontro tra sunniti e sciiti. Adesso dicono che non hanno mai appoggiato l'Isis o altri, che li combattono. Va bene. Ma non vengano a dirci che l'Iran è il nemico. Per noi Teheran è lontana. È solo la politica israeliana ad aver bisogno di questo spettro per incutere paura».
In questo contesto qual è il ruolo delle Chiese?
«Essere una presenza che testimoni l'amore di Dio verso tutta l'umanità, mostrare che si può vivere insieme tra religioni, confessioni, appartenenze politiche, appartenenze culturali. È il ruolo della Chiesa e soprattutto il ruolo del Libano che già Giovanni Paolo II chiamava “Paese messaggio”. Noi diciamo alle grandi potenze: non andiamo verso i fondamentalismi o gli estremismi che sfociano nel terrorismo. Ma loro non l'accettano: cercano la guerra per mostrare che non si può vivere insieme. La storia dei nostri Paesi, al contrario, è fatta di comunità composite: il Libano, la Siria, ma anche l'Egitto, l'Iraq sono culla di diversità etniche, culturali, religiose. Per questo, nella regione che è la terra di Cristo, dobbiamo rimanere i testimoni della vita insieme, del servizio a ogni uomo che ha diritto di vivere nella sua dignità, nella sua libertà e di godere di tutti i suoi diritti».
Ma questo è ancora possibile anche in Siria, nonostante quanto accaduto negli ultimi sette anni?
«Certo. Sul terreno reale vediamo che la Siria oggi è già divisa in due o tre parti almeno. Ma non può reggere, perché è una divisione imposta. Una Siria smembrata è quanto vorrebbe Israele, ma si sbagliano: i Paesi confessionali non sono il futuro. Altrimenti la prospettiva è quanto sta accadendo adesso: andiamo solo verso l'esclusione dell'altro, verso il fanatismo, le chiusure e non potrà durare in eterno. Lo stratagemma della divisione non è riuscito in Libano dopo venti o trent'anni di guerra. Non riuscirà nemmeno in Siria».
Intanto però resta il dramma dei profughi siriani...
«Il Libano ne sopporta il peso più grande: siamo un Paese geograficamente piccolo, con appena 4 milioni di abitanti. Per noi accogliere un milione e mezzo di rifugiati siriani - che vanno ad aggiungersi ai 500mila palestinesi che sono in Libano da ormai settant'anni - è un carico gravoso a tutti i livelli. Lo abbiamo accettato per non negare ai siriani il diritto alla vita, a fuggire dalla guerra. Ma da soli non ce la facciamo più. Arriva il 10% degli aiuti internazionali: ci promettono miliardi e arriva qualche milione. E il risultato è che ne risente tutto il Libano: i cittadini sotto la soglia della povertà sono saliti al 35%, un dato impensabile dieci o vent'anni fa. I libanesi non vogliono cacciare i siriani; ma così non può andare avanti»
E quale altra prospettiva è possibile?
«L'unica strada è riportare la pace in Siria. E - nonostante le cronache di queste ore - io sono convinto che ormai sia vicina. Perché oggi il vero affare non è più la vendita delle armi, ma la ricostruzione. I calcoli americani due anni fa stimavano in 300 miliardi di dollari questo business, oggi sono diventati 400 miliardi di dollari. Chi era interessato a far scoppiare la guerra per vendere le armi adesso mirerà a questo. Certo, l'intervento della Russia ha scombinato i piani, mettendo in gioco anche i suoi interessi. Ma alla fine ciascuno prenderà la sua parte. Ed è di questo che oggi si sta discutendo già ai tavoli che contano»