Témoignage de Mgr Dominique Lebrun de retour en France 06/11/2013
Du vendredi 25 octobre au lundi 28 octobre, j’ai eu la joie de séjourner au centre du Liban, dans le diocèse de Batroun jumelé avec le nôtre. Son pasteur, Mgr MOUNIR KHAIRALLAH m’avait invité au lancement de leur synode diocésain. Il m’a reçu avec beaucoup de gentillesse, de disponibilité et d’amitié.
La séance inaugurale du synode était située au milieu du séjour, samedi après-midi. Tout était bien réglé pour que les 184 membres du synode, selon le droit canonique oriental, soient bien accueillis dans l’université dirigée par les soeurs de la Sainte Famille à Batroun. Mgr EMILE SAADE, l’évêque initiateur du jumelage, représentait le patriarche de l’Eglise maronite, Sa béatitude le cardinal BECHARA RAÏ. Etaient présents le Nonce apostolique, d’autres évêques maronites et les autorités locales, politiques ou religieuses (autres confessions chrétiennes et musulmans).
L’évêque de Batroun a expliqué les trois objectifs du synode :
Le secrétaire général, un fidèle laïc, a lancé la réflexion dans une intervention appréciée par sa hauteur de vue et applaudie lorsqu’il a rejeté la tentation des extrémismes ou fondamentalismes. Le tout était agrémenté de projections sur grand écran facilitant la participation.
Le synode durera deux ans. Mgr MOUNIR en a expliqué la devise : « Sur les pas de Saint JEAN MAROUN, nous nous renouvelons et nous sommes sanctifiés par le Christ ». Il a conclu en disant qu’il « sera une occasion pour la rencontre et le dialogue dans la vérité afin de rejeter nos différents et de nous traiter avec humilité, pardon et charité ». Et il l’a confié aux grands saints de l’Église maronite : Notre-Dame du Liban, Saint MAROUN, et JEAN MAROUN (patron du diocèse de Batroun).
Que retenir de ces trois jours ?
Sans conteste la présence et la force de l’histoire de cette communauté liée à ses montagnes. D’ailleurs, vendredi et samedi matin, Mgr MOUNIR m’a emmené visiter d’anciens ermitages et des églises datant de la deuxième moitié du premier millénaire. En fait, délicatement, Mgr MOUNIR me faisait faire le chemin des membres de son synode. Ceux-ci ont vécu une journée de ressourcement sur ces lieux historiques le 12 octobre. J’y relie aussi la messe du dimanche matin dans une paroisse en altitude bien ancrée dans la tradition et si joyeuse.
L’affirmation de « la culture maronite » comme constituante de l’identité libanaise est un deuxième élément fort. Cette culture naît de son histoire que ne cesse de féconder la foi. En tous les cas, l’idée que, l’oeuvre des hommes et l’oeuvre de Dieu ne sont pas séparées, est omniprésente. Quel avenir auprès des jeunes générations qui semblent goûter à la civilisation occidentale ? J’ai passé une soirée très intéressante avec quelques jeunes qui souffrent d’incompréhensions de la part de leurs collègues.
Enfin, l’hospitalité et l’accueil vont de pair avec une recherche d’authenticité libanaise et maronite. Le Liban continue de construire sur le roc de la montagne mais ce n’est pas pour se refermer sur lui-même. Combien de paroisses traversées où Mgr MOUNIR me montrait la salle paroissiale à peine achevée ou en cours de construction pour s’ouvrir les uns aux autres, sans parler de l’accueil des réfugiés syriens ! Dimanche, je terminais par la pose de la première pierre d’une maison de retraite au-dessus de sanctuaire de SAINTE RAFQA : symbole de continuité dans la construction, son financement par donation et le lien avec la sainte ; symbole de nouveauté par le type de maison encore peu habituel dans une société où les générations cohabitent volontiers. En rentrant, je rends grâce à Dieu pour notre humanité si diverse, si passionnante et si fragile. Je rends grâce à Dieu pour ces quelques jours, et j’invite tous ceux qui liront ces quelques lignes à prier pour la bonne réussite du synode du diocèse de Batroun et pour la paix dans la région.