Mon voyage à Saint-Etienne 2-6 oct 2014

Category: Jumelage
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Mon voyage à Saint-Etienne dans le cadre du jumelage

Avec un groupe de vingt jeunes

2-6 octobre 2014


Je mène une nouvelle initiative dans le cadre du jumelage qui lie notre diocèse de Batroun à celui de Saint-Etienne (France) depuis 1997. Il s’agit d’un voyage religieux et culturel qui a pour objectif de consolider le jumelage et d’enrichir les liens d’amitié entre nos deux diocèses et entre nos diocésains Batrounais et Stéphanois.

Je suis avec un groupe de vingt jeunes représentant le diocèse, dont voici la liste : Remie KADDOUM, Elias ASSAF, Elie HAYKAL, Toni HAYKAL, Cynthia MENHEM, Marilyn MENHEM, Maritta ELIAS, Celena ACCARY,   Marianne BARAKAT, Melanie HNOUD, Simon MOUBARAK, Marie Rita ASSAF, Marc NASR, Rami HANNA,          Nohra SASSINE, Caroline EL-KODSY, Rebecca BAISSARI, Jennifer SAKR, Fadi El TABCHI, Marcelino ASSAL. Douze font partie du Mouvement Marial – Chevaliers de Marie de Batroun et représentent leur chorale, auxquels il faudra ajouter leur musicien; trois de la commission diocésaine des jeunes qui ont déjà participé aux JMJ de Madrid (2011) avec les jeunes de Saint-Etienne ; deux du Mouvement Apostolique Marial, et deux séminaristes. Leur âge varie entre 15 et 26 ans, en plus du benjamin de la chorale qui a treize ans et l’aîné, le musicien qui a 32 ans. La chorale des Chevaliers de Marie de Batroun avait accueilli l’été dernier, pour son festival, un groupe de jeunes musiciens stéphanois qui les avaient invités à venir cette année donner un concert franco-libanais à Saint-Etienne.                                                                                   

Nous avions donc commencé à préparer ce voyage dès novembre dernier. J’avais coordonné avec Mgr Dominique Lebrun, évêque de Saint-Etienne, et le Comité de jumelage l’organisation de ce voyage.

 

Jeudi 2 octobre 2014

A 2h30, du matin, nous commençons à nous retrouver près de la cathédrale Saint Etienne de Batroun. A 3h00, nous prenons le bus pour l’aéroport de Beyrouth d’où nous devrons partir par le vol de la compagnie turque Pegasus de 6H30 en direction d’Istanbul puis de Saint-Etienne après trois heures d’escale.

A 13h20, nous sommes arrivés à l’aéroport d’Andrézieux-Bouthéon de Saint- Etienne où nos amis stéphanois du comité du jumelage, avec à leur tête le Père Louis Tronchon et Madame Isabelle Marcuzzi, nous attendaient, ainsi que le Père Sami Nehmé, prêtre de notre diocèse en ministère paroissial et en mission d’étude depuis trois ans dans le diocèse de Saint-Etienne dans le cadre du jumelage. Ils nous ont accueillis, au nom de Mgr Lebrun, dans la chaleur des retrouvailles ; puis ils nous ont accompagnés dans le quartier de la Terrasse à la paroisse du Bienheureux Antoine Chevrier (fondateur des Prêtres du Prado), dont le curé est le Père Christian de France qui accompagne le jumelage avec le Père Tronchon depuis le début, où ils nous avaient préparé un déjeuner.

Après le déjeuner, nous avons effectué un tour de table pour nous présenter et mieux nous connaître. Madame Marcuzzi, Père Tronchon et moi-même avons parlé de l’historique de notre jumelage et de ses étapes importantes depuis 1997. Madame Marcuzzi a détaillé ensuite le programme de notre séjour, qui se présente en trois temps forts – la Conférence, le Concert et la Célébration eucharistique – et que nous avons commencé immédiatement par une visite à l’église par la prière à l’intention de nos deux Eglises et nos deux diocèses, de nos deux pays, de nos pays du Moyen-Orient et de leurs peuples qui souffrent tant en ce moment. Nous avons confié ce séjour à Notre Seigneur Jésus Christ, Roi de la Paix, par l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie Notre-Dame du Liban et de tous nos saints, afin qu’Il nous donne le courage de continuer à être ses témoins dans le monde d’aujourd’hui où le mal fait des ravages mais sans pouvoir vaincre nos volontés de réaliser le Royaume de Dieu sur terre.

Nos amis nous ont amenés ensuite en voitures faire un tour sur les collines surplombant la ville de Saint-Etienne. Ce fut un tour merveilleux où nous nous sommes arrêtés particulièrement à la réserve naturelle du Guizay auprès du monument consacré au Sacré-Cœur, puis au village splendide de la Rochetaillée et son château.

Nous sommes rentrés à 19h00 à Saint-Etienne, où les jeunes se sont occupés de la répétition du concert qu’ils doivent donner après demain samedi. Moi-même avec les Pères Tronchon, de France et Sami, ainsi que les deux séminaristes, nous étions attendus par Mgr Lebrun pour les vêpres puis le dîner à l’évêché. Ce fut un moment intense d’échange à propos du jumelage, à propos de nos soucis et de nos espérances dans nos Eglises, et surtout à propos du sort des chrétiens d’Orient.

Nous nous sommes échangés les cadeaux symboliques de notre amitié qui se confirme avec le temps.  

 

Vendredi 3 octobre 2014

J’ai commencé la journée par la Messe que j’ai concélébrée avec Mgr Lebrun et les prêtres de l’évêché.

Après le petit déjeuner, j’étais attendu avec le groupe des jeunes à l’école catholique Saint-Ennemond de Saint-Etienne, dont la directrice est Madame Nadine Cisek, engagée dans le comité du jumelage et qui se rend souvent au Liban avec des enfants de son école qui sont à 90 % musulmans. Elle cherche à réaliser le jumelage à travers la sensibilisation des enfants et de leurs parents à une convivialité toujours possible à l’exemple du Liban.

A 12h30, nous étions attendus à la Mairie de Saint-Etienne pour une réception officielle. C’est le premier adjoint au Maire ex député de la Loire, M. Gilles Artigues, grand ami du Liban et de Batroun depuis l’instauration du jumelage et ami personnel, et un autre adjoint au Maire M. Denis Chambe. Nous étions accompagnés des responsables du Comité de jumelage.

M. Chambe a pris la parole pour nous souhaiter la bienvenue au nom du Maire et pour confirmer l’amitié privilégiée de la France pour le Liban. Il s’est dit très attristé et indigné par tout ce qui se passe au Moyen-Orient et il a confirmé la position de la France qui « condamne la violence absurde et la sauvagerie commise par l’Etat islamique en Irak et en Syrie et continue de mener son combat pour la défense des droits de l’homme, notamment des minorités chrétiennes persécutées au Moyen-Orient ». Il a encouragé l’action du jumelage entre Batroun et Saint-Etienne, « une action bénéfique pour les deux diocèses et les deux peuples ».

M. Artigues, quant à lui, a parlé de l’engagement du chrétien dans la société et du lien du jumelage avec le diocèse de Batroun qu’il accompagne depuis son lancement. Il a précisé qu’il suivait « les nouvelles du Liban et de Batroun à travers le journal du Père Mounir qu’il reçoit régulièrement depuis de longues années».

J’ai pris ensuite la parole pour remercier la Mairie de Saint-Etienne pour cet accueil si chaleureux et pour le soutien qu’elle apporte au Libanais accueillis à Saint-Etienne. « Nous sommes reconnaissants, ai-je affirmé, à nos amis stéphanois pour leur fidélité et leur amitié si bien ancrée dans les cœurs. Ils ont été et ils sont toujours à nos côtés pour nous soutenir dans nos efforts à réédifier notre cher Liban dans sa vocation historique, c'est-à-dire celle d’être un Pays Message et modèle de convivialité dans la liberté et le respect des diversités ».

Un buffet nous est offert par la suite.

A 14h00, nous visitons le musée de la Mine à Saint-Etienne, un lieu très symbolique pour l’histoire de la ville qui a accueilli après la deuxième Guerre mondiale et les années Cinquante jusqu’à vingt mille mineurs et dans des conditions difficiles ! On comprend mieux, après cette visite, pourquoi la ville de Saint-Etienne a été longtemps considérée une ville ouvrière.

A 20h00, dans la grande salle du Bureau de la Direction Diocésaine de l’Enseignement Catholique à côté de l’Evêché, je donne une conférence intitulée : « Où se situent les chrétiens du Liban dans la tourmente du Moyen-Orient ? ».

Après une introduction sur ce qui se passe en Irak et en Syrie, je donne un bref aperçu historique sur la présence des chrétiens au Moyen-Orient qui remonte au Christ et aux Apôtres ; je dresse ensuite un tableau sur la situation actuelle et la tragédie énorme qu’affrontent les chrétiens face à la sauvagerie de l’Etat islamique. Et là j’insiste que ces hommes, si bien et si rapidement formés, armés et financés (par qui ?), commettent des horreurs et des crimes contre l’humanité et n’ont rien à voir avec l’Islam, même s’ils se réclament de l’Islam et de la loi islamique. Je passe enfin à développer l’idée que « l’avenir des chrétiens du Moyen-Orient dépendra de celui des chrétiens du Liban ; car ces derniers ont réussi, malgré toutes les difficultés, à relever un grand pari, c'est-à-dire à fonder avec leurs concitoyens musulmans et juifs, au début du XX° siècle, un Etat démocratique, multiconfessionnel et pluraliste où chacune des dix-huit communautés garde sa spécificité et sa diversité religieuse et culturelle dans l’unité nationale ». J’ai terminé par affirmer que : « Nous, chrétiens du Liban, continuerons à vivre avec nos frères musulmans, qui condamnent les crimes de l’Etat islamique, dans la liberté et le respect mutuel et nous continuons à croire que le Liban restera un modèle et un exemple de convivialité toujours possible entre les religions, les confessions et les cultures ».

Je suis étonné de la présence de plus de cent cinquante personnes et de leur qualité d’écoute ! La séance s’est attardée, jusqu’à 22h40, par une discussion engagée dénotant une certaine peur de l’autre étranger, notamment musulman. Ce qui m’a amené à donner des témoignages personnels de la qualité de présence chrétienne qui vit les valeurs évangéliques, notamment la charité et le pardon, que les musulmans apprécient tant chez nous quand nous réussissons à les vivre !

Les membres de l’association musulmane de Saint-Etienne, qui étaient dans l’assistance, ont dit « leur grande satisfaction du message que Mgr Mounir a voulu passer » et se sont dit « convaincus que les valeurs chrétiennes nous sont communes et nous invitent à construire ensemble un monde meilleur capable de réaliser une paix et une justice sociale possibles dans nos sociétés ».

 

Samedi 4 octobre 2014

Je commence la journée par la Messe à l’évêché. Mgr Lebrun est engagé dans une visite pastorale.

A 9h00, Nous sommes à Notre-Dame de l’Hermitage, lieu de fondation des Frères Maristes par le Bienheureux Marcellin Champagnat, pour une visite spirituelle. Les Frères maristes sont au Liban depuis de longues années, et à Batroun jusqu’en 1953 avant de se déplacer à Jbayl, et ont contribué à élever des générations libanaises qui leur restent reconnaissantes. L’accueil fut très chaleureux par les frères et la visite guidée nous a aidés à entrer dans la spiritualité du fondateur confiant en la Providence par l’intercession de Marie, Mère de Dieu.      

A 11h00, nous sommes attendus à Saint-Chamond par M. François Rochebloine, Député de la Loire, membre de la Commission parlementaire des Affaires étrangères et ami du Liban. Il nous accueille dans sa permanence avec sa chaleur habituelle. Il connaît bien le Liban et Batroun en particulier pour y avoir été à plusieurs reprises à partir de 1989 lorsqu’il y est allé avec une délégation parlementaire pour « soutenir le peuple libanais dans son combat pour la liberté, la souveraineté et l’indépendance », alors que le pays était occupé par l’armée syrienne. C’est ce qu’il a d’ailleurs rappelé, même dans les détails, dans le mot qu’il nous a adressé. Il nous a rappelé que « le Liban est une priorité pour la France, non seulement à cause des liens historiques qui unissent les deux pays mais surtout pour ce que représente le Liban comme modèle de convivialité dans la diversité ». Il a signalé que « le jumelage entre les deux diocèses de Saint-Etienne et de Batroun qu’il a accompagné et qu’il continue d’accompagner avec intérêt et enthousiasme est un moyen de consolider l’amitié franco-libanaise et stéphano-batrounienne, notamment à travers les jeunes ». Il a même lu ce que je lui avais écrit dans le livre d’or le 4 août 2000 lors de la réception officielle qu’il nous avait réservée à sa permanence après la consécration officielle du jumelage par l’évêque de Saint-Etienne Mgr Pierre Joatton.

J’ai pris la parole ensuite pour lui dire notre reconnaissance pour l’attention qu’il porte au Liban et aux Libanais et pour le remercier de tous les efforts qu’il a déployés en faveur du Liban. J’a reconfirmé ce que je lui avais dit en l’an 2000, c'est-à-dire que « nous croyons fermement que le Liban restera le Pays-Message quoi qu’il arrive et malgré toutes les forces du mal qui frappent à ses portes », et que « nos jeunes, forts de leur espérance, oeuvrent pour un monde plus juste où tous les peuples opprimés pourront décider librement de leur sort et où leur pays, le Liban, retrouvera sa place méritée dans le concert des nations ».

Nous avons échangé ensuite les cadeaux ; et il nous a invités à un buffet préparé pour l’occasion.

A 12h30, nous partons avec nos familles d’accueil vers la montagne où elles nous avaient réservé un déjeuner de fête aux « Chalets des Alpes ». Nos jeunes n’ont pas tardé à animer le déjeuner par leurs chants et leurs danses auxquelles tout le monde a participé. Et vers 15h30, nous sommes montés au Mont Pilat, à 1440 m. d’altitude, pour une marche dans la nature.

A 20h00, notre chorale des Chevaliers de Marie a donné un concert tant attendu, avec la troupe Malak de l’école Saint-Ennemond en l’église Sainte Marguerite dans le quartier Montplaisir de Saint-Etienne. L’église s’était remplie et l’assistance a vibré avec les chants franco-libanais des deux chorales en les applaudissant tout le long des soixante-quinze minutes qu’a duré le concert, notamment le chant du milieu consacré à la Sainte Vierge Marie et le chant de la fin de Jésus ressuscité des JMJ de Madrid 2011. Les chefs des deux chorales, Rémi et Godefroy, avaient bien préparé à distance ce concert très apprécié par le public.

Et pour finir, j’ai réussi à prendre la parole au milieu d’applaudissements prolongés, pour dire :

« Chers jeunes libanais de Batroun, nous sommes fiers de vous !

Vous nous avez donné une leçon extraordinaire de joie, de courage et d’espérance.  

Chers amis stéphanois, vous avez noté avec quelle joie et quelle foi nos jeunes ont chanté la paix, la fraternité, le pardon, la liberté et le respect de l’autre ; avec quelle sérénité ils ont chanté avec leurs frères musulmans de l’école Saint-Ennemond, et avec quelle foi ils ont chanté Marie qui est tant vénérée par les musulmans comme par les chrétiens !

Fallait-il aller jusqu’au Liban pour montrer qu’une convivialité islamo-chrétienne est possible aujourd’hui ? Et bien c’est la leçon que vous donnez, chers jeunes libanais, et c’est le message que vous transmettez ce soir à vos amis stéphanois !

Très chers Rémi et Godefroy ! Vous avez réussi, à cinq mille Km de distance, à préparer ce concert et à joindre vos jeunes chrétiens et musulmans ! Vous avez réalisé un exploit en nous montrant que le dialogue est possible et en amenant les musulmans à venir chanter avec vous les mêmes valeurs et chanter Marie sous la croix de cette église la veille de leur fête Al Adha, (Eid al-Kabir).

Nous rendons grâce à Dieu pour vos talents.

Nous remercions Mgr Lebrun, les membres du comité de jumelage, les familles d’accueil et tous nos amis stéphanois qui nous sont proches depuis 1997 ».

 

Dimanche 5 octobre 2014

10h30 : Nous avons rendez-vous à l’église Saint Pierre de Saint-Chamond où je dois présider la Messe en rite maronite. Mais quelle ne fut notre surprise en entrant à l’église de la trouver pleine de fidèles venus plus tôt pour le rendez-vous tant attendu. Père Sami Nehmé, vicaire à cette paroisse, avait bien annoncé notre venue et invité tous les amis du Liban à venir nous accueillir et vivre avec nous ce moment privilégié. Il avait préparé avec certains de ses paroissiens et l’équipe de jumelage le livret spécial pour la Messe maronite en arabe et en français. Je me rappelle d’avoir déjà célébré ici même le 17 mars 2012 lors de ma première visite à Saint-Etienne après mon ordination épiscopale au Liban à laquelle avait pris part Mgr Dominique Lebrun.

Nos familles d’accueil et celles du jumelage avec leurs enfants, nos amis stéphanois, et à leur tête M. Le député François Rochebloine, le Maire et les élus de Saint-Chamond, sont là.

Je rentre en procession à l’église entouré des Père Sami Nehmé, Père Antranik Atamian curé de la paroisse arménienne de Saint-Etienne, Père Bruno Cornier curé de la paroisse, Père Christian de France, Père Joseph Eid moine antonin curé de la paroisse maronite de Lyon. Notre chorale chante la Messe. La qualité d’écoute est au plus fort, tellement les Stéphanois voulaient vivre profondément cette célébration. Après la lecture de l’Evangile faite par le diacre de la paroisse (Mt. 28 : 16-20), je commence mon homélie par rendre grâce au Seigneur pour son Eglise qui est à Saint-Etienne : son évêque, Mgr Lebrun, qui n’a pu être physiquement avec nous mais qui est toujours présent dans nos cœurs et nos célébrations, les membres du comité du jumelage, nos amis stéphanois et leurs élus. Je m’arrête ensuite sur l’envoi en mission des Apôtres : « Allez donc de toutes les nations faites des disciples les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit leur apprenant à garder tous ce que je vous ai prescrit. Et moi Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps ». « Les Apôtres, ai-je poursuivi, vivant encore dans la peur même après la résurrection du Christ, n’osaient pas sortir de leur maison. Ils craignaient de connaître le même sort que Jésus. Ce n’est qu’après la descente de l’Esprit-Saint qu’ils se libérèrent de la peur et sortirent prêcher le Christ vivant à travers tous les territoires de l’Empire romain, sans avoir peur de payer par le martyr le prix de leur foi en Jésus Christ ». « Nous chrétiens du Moyen-Orient, comme les Apôtres, nous avons depuis longtemps dépassé la psychose de la peur, et la peur de la mort. Nous avons accepté de porter la croix avec le Christ et de mourir avec Lui puisque nous sommes sûrs de gagner par Lui la Vie Eternelle. Nous n’avons d’ailleurs rien à gagner de ce monde puisque tout en lui est éphémère. Nous ne porterons avec nous en quittant ce monde que nos actions ; pourvu qu’elles soient des actions de charité et de miséricorde envers le prochain ». « Regardez nos jeunes ! Ils rayonnent de joie et d’espérance malgré la situation très critique qu’ils connaissent dans leur pays. Ils savent qu’ils vaincront le mal par leur foi et leur amour. Leur avenir paraît complètement bouché, mais ils ne désespèrent pas. Ils veulent rétablir, avec leurs concitoyens musulmans, leur pays, le Liban, dans sa vocation historique comme Pays Message de convivialité dans le respect des différences, de liberté et de dialogue entre les religions, les confessions, les civilisations et les cultures. Nous témoignons devant vous que le vivre ensemble est toujours possible et que l’autre n’est pas toujours un ennemi. Nous sommes l’Eglise du Christ et les portes de l’enfer ne prévaudront pas sur elle. N’ayez pas peur ! Jésus Christ est avec nous jusqu’à la fin des temps ».

Le salut de paix que nous nous sommes échangé a bien montré que le message de paix est passé. Et le chant final, Jésus ressuscité, était accompagné par toute l’assemblée debout et applaudissant la joie de porter le Christ au monde d’aujourd’hui.

A la fin de la Messe, je me suis arrêté au fond de l’église, avec les concélébrants, pour saluer tout le monde et écouter dire combien nos « jeunes ont su transmettre leur joie et leur foi ». « Vous nous avez rempli les cœurs de joie. Revenez nous voir souvent », disaient-ils.

Après la Messe, nous étions attendus avec nos familles d’accueil et les membres du jumelage, au centre culturel arménien pour un déjeuner offert par la communauté arménienne. Ce fut un moment intense plein d’émotions. Les arméniens ont témoigné devant tout le monde que « leur peuple, après le génocide de 1915, fut accueilli au Liban où il put trouver la paix, garder sa culture et se développer dans l’unité nationale. La présidente du conseil paroissial a même témoigné, les larmes aux yeux, que son père, rescapé du génocide, orphelin, fut accueilli par une famille libanaise qu’il n’a jamais oublié et qu’il nous a commandé de l’aimer et d’aimer le Liban, ce pays modèle de fraternité et de liberté ».  

Nos jeunes ont su créer une ambiance de joie en chantant et en entraînant tout le monde, même l’évêque (moi-même), dans la danse folklorique.

Ce n’est qu’à contre-coeur que nous avons quitté les lieux pour un après-midi avec nos familles qui ont décidé d’amener nos jeunes faire un tour dans la ville de Lyon.

Quant au Père Sami, il avait prévu une visite à Ars pour son évêque et les deux séminaristes. Une visite que nous avons hautement appréciée. Nous avons profité pour prier ensemble, auprès du patron des prêtres, pour notre diocèse en démarche synodale, pour nos frères les prêtres et les séminaristes, ainsi que pour nos frères et sœurs les religieux, religieuses et fidèles qui nous sont si chers.

Nous avons retrouvé nos jeunes à Lyon pour dîner ensemble.

 

Lundi 6 octobre 2014

Je commence ma journée par la Messe avec Mgr Lebrun et les prêtres de l’évêché à 8h00. J’ai eu ensuite le temps de discuter longuement avec lui de nos deux diocèses, de nos soucis et de nos espoirs pastoraux, du jumelage qui s’est consolidé encore plus par cette visite « qui a laissé des traces inoubliables » et devrait se poursuivre par des actions communes. Nous avons aussi évoqué les JMJ de 2016 en Pologne que nous avons à coordonner par le moyen de nos comités de jumelage. Je lui ai renouvelé toute ma reconnaissance pour les efforts déployés en vue de faire réussir notre voyage à travers les membres du comité de jumelage qui gagne à être rajeuni et les familles d’accueil.

A 9h30, j’étais attendu au bureau de la Radio diocésaine, RCF, pour une interview avec certains de mes jeunes qui ont exprimé leurs remerciements envers le diocèse et tous ceux qui les ont accueillis, et ont témoigné de leur satisfaction de ce voyage extrêmement riche à tous les niveaux : ecclésial, humain, culturel et touristique.

A 11h00, nous étions attendus à Andrézieux par la communauté paroissiale qui nous a préparé un déjeuner d’au revoir. Les prêtres du jumelage et les familles d’accueil nous ont accompagnés ensuite jusqu’à l’aéroport par un convoi de voitures qui nous a rappelés le Liban. L’adieu fut émouvant ! Et nous nous sommes promis de nous retrouver bientôt, au Liban et à Saint-Etienne.

 

A l’aéroport d’Istanbul, l’attente de six heures nous a été bénéfique. J’ai pu réunir les jeunes pour cueillir leurs impressions. Les voici en résumé :

1-Ils sont unanimes à dire combien « l’accueil des familles était exceptionnel ». « Nous avons senti qu’ils nous aimaient, qu’ils nous considéraient comme leurs enfants et qu’ils nous connaissaient depuis longtemps ». C’est le fruite d’un long cheminement dans le cadre du jumelage.

2- « Nous avons été marqués par la générosité et le dévouement de nos familles d’accueil et des membres du comité du jumelage avec le Père Sami. Ils ont sacrifié leur temps et offert leurs voitures et leurs cœurs pour se mettre à notre disposition ».

3- « Nous avons beaucoup appris de cette expérience si riche :

Nous avons découvert que les Français, et les Stéphanois en particulier, sont accueillants, aimables et cultivés, qu’ils aiment le Liban et les Libanais et qu’ils suivent de très près l’évolution de la situation au Moyen-Orient, au Liban et à Batroun, grâce au journal du Père Mounir qui leur arrive régulièrement ».

4- « Nous avons été marqués par les deux réceptions officielles à la Mairie de Saint-Etienne et à la permanence du Député de la Loire M. François Rochebloine à Saint-Chamond. Les élus rencontrés nous ont paru convaincus de la formule du Liban Pays-Message et prêts à le soutenir par tous les moyens ».

5- « Les trois temps forts, les trois C (Conférence, Concert, Célébration eucharistique), ont été intensément vécus par nous-mêmes et par nos amis stéphanois :

-         La Conférence du Père Mounir, notre évêque, a été massivement et attentivement suivie. Les personnes présentes prenaient des notes et se montraient intéressés par le Message que voulait transmettre Père Mounir : les chrétiens d’Orient et les chrétiens du Liban n’ont pas peur. Ils s’obstinent à rester sur leur terre d’origine, terre de Jésus Christ, pour témoigner qu’ils ont totalement confiance en Lui qui est avec nous jusqu’à la fin des temps et qu’ils peuvent vivre avec leurs frères musulmans et juifs dans la paix et le respect des différences. Ils ont montré qu’ils avaient soif d’informations authentiques et encourageantes.

-         Le Concert donné par notre chorale avec celle des enfants musulmans de l’école Saint-Ennemond a donné un témoignage poignant et a fait vibrer la salle de joie et d’applaudissements.

-         La Messe du dimanche a été l’apogée de notre séjour ! Les sept cent personnes présentes à l’église Saint Pierre ont profondément pris part à notre liturgie maronite chantée en français, en arabe et en araméen pour la consécration et ont apprécié la joie communicative de nos jeunes ».

6- « Nous avons senti que nos amis ont été marqués par notre foi et notre joie communicatives, ainsi que par notre courage ». « Ils ont aussi remarqué la relation d’amitié et de proximité avec notre évêque et combien nous communiquions notre foi et notre ouverture ».

7- Enfin « nous avons senti que le message est passé : nous sommes forts en Jésus Christ et nous voulons montrer que vivre ensemble entre différents est possible ; le Liban et nous-mêmes en sont la meilleure preuve ! ». « La présence du Père Mounir, notre évêque, qui connaît les Stéphanois et maintient avec eux depuis de longues années un lien d’amitié solide, nous a beaucoup encouragé à faire passer le message ». « La présence du Père Sami dans le diocèse de Saint-Etienne a facilité le contact avec les familles ».

8- « C’est une expérience à refaire. Nous avons bien saisi l’enjeu du jumelage et nous sommes prêts à le poursuivre en encourageant les jeunes et les familles à venir nous voir au Liban ».

 

Avec mes jeunes, je ne peux que rendre grâce au Seigneur pour tous ceux qui se dévouent au service de notre jumelage : Mgr Lebrun, Père Tronchon, Madame Marcuzzi et les membres du comité du jumelage, nos familles d’accueil et celles qui nous ont accueillis depuis 1997.

Seigneur, nous Te louons et Te glorifions pour Ton infinie Bonté.

 

Kfarhay, 6 octobre 2014

                                                         Père Mounir Khairallah

                                                           Evêque de Batroun

 

 

P.S. : Pour lire ce rapport et voir les photos,

         Cf. le site du diocèse :

         www.diocesebatroun.org , rubrique jumelage ou activités.

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