Samedi 16 novembre 2013
Je suis à Bkerké pour la conclusion de la 47ème session de l’Assemblée des Patriarches et Evêques Catholiques au Liban.
A 11h00, je quitte Bkerké pour venir à la paroisse de Eddé et prendre part à l’inauguration des fresques, ou plutôt ce qui en reste, de l’église Saint Saba après leur restauration par le professeur russe Vladimir Sarabyanov et son équipe sous l’égide de « l’Association pour la Restauration et l’Etude des Fresques Médiévales du Liban » (AREFML), présidée par Dr Ray Jabre Mouawad. La restauration est subventionnée par l’association Philippe Jabre.
Etaient présents l’ambassadeur de la Fédération de Russie M. Alexandre Zasypkin, le sous-préfet de Batroun, le Maire de Eddé, Mgr Paul Emile Saadé, des représentants du ministère de la Culture, et une foule de fidèles de la paroisse, avec le nouveau curé P. Elie Saadé.
P. Elie a commencé par remercier l’équipe du professeur Vladimir ainsi que l’association AREFML. Il leur a dit merci « puisque vous avez redonné à nos saints leurs yeux, leurs bouches et leurs mains… ».
Le professeur Vladimir a expliqué, en projection, que « toutes les parois intérieures de l’église qui date du temps des Croisés étaient recouvertes de fresques ; il n’en reste actuellement que quelques fragments épars qui ont été martelés. Deux époques de fresques sont décelables : l’une peinte au cours du XII° siècle, de style byzantin, et l’autre peinte vers 1266 après que des combattants maronites aient réussi, aux côtés des Croisés, à repousser une offensive du sultan mamelouk Baybars sur le comté de Tripoli ». L’une des plus belles fresques est la crucifixion qui occupe l’écoinçon sud d’un arc de la nef centrale.
J’ai pris ensuite la parole en m’adressant à Dr Ray Jabre et son association : « Vous nous aidez aujourd’hui à réécrire notre histoire dans le cœur de nos jeunes. Car un peuple qui n’a pas d’histoire ne peut construire son avenir. Et notre histoire et notre catéchisme, nous ne les écrivions pas, mais nous les lisions et les apprenions à travers les icônes et les fresques. Or pour des centaines d’années, les mamelouks et les ottomans ont voulu détruire notre histoire et effacer notre mémoire collective. Nous vous remercions et nous remercions aussi le professeur Vladimir, car vous nous aidez à redécouvrir notre histoire et, par conséquent, à construire ensemble notre avenir avec intelligence et espérance ». « Entre nous et la Russie il y a une longue histoire commune. Il suffit de rappeler qu’à Moscou il y a une église dédiée à Saint Maroun et Saint Jean-Maroun qui remonte au X° siècle. Et en février dernier, notre Patriarche Raï a remis au patriarche Alexis, au cours de sa visite officielle en Russie, une parcelle de la relique de Saint Maroun. Nous pouvons maintenant reprendre à prier ensemble, et nos saints nous réuniront dans notre combat pour la paix, la liberté et les respect des différences ».
Après la visite guidée de l’église et une petite récveption à la salle paroissiale, un déjeuner a été offert par le Maire, M. Nassib Chédid, en l’honneur de la délégation.