Homélie Mgr Khairallah SDL, 18 oct 2015

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Homélie de Mgr Khairallah

A la Messe de l’Assemblée générale des Scouts du Liban

Ecole N.D. de Louayzé, Zouk Mosbeh, 18 octobre 2015

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« Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître » (Luc 24,16)

 

Cher frères aumôniers,

Chers amis et compagnons scouts du Liban qui venez de toutes les régions libanaises

 

Nous sommes fiers de vous en regardant vos visages illuminés portant la flamme de l’espérance de notre avenir, nous qui avons été éduqués comme vous dans la vie scoute. Nous regardons avec vous à l’horizon lointain et nous oublions les épreuves que connaissent notre patrie le Liban et la région en ces temps difficiles.

 

Quant au thème de l’année scoute qui s’annonce est :« compagnon et chemin ». Et Jésus Christ est notre compagnon et notre chemin ; il marche avec nous et nous indique le chemin du salut.

Nous avons écouté dans l’Evangile de ce matin saint Luc nous raconter l’histoire des deux disciples qui rentraient de Jérusalem chez eux à Emmaüs tristes et ayant perdu tout espoir en la résurrection de Jésus qui avait promis de ressusciter le troisième jour. « Or, comme ils parlaient et discutaient ensemble, Jésus lui-même les rejoignit et fit route avec eux ; mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître ». (Luc 24, 15-16).

Nous nous demandons : pourquoi ils ne reconnurent pas Jésus ? Parce que la peur et le désespoir les avaient aveuglés. La peur et le désespoir aveuglent l’homme, et aveuglent aussi son cœur, ses sentiments et sa foi et lui cachent la vue extérieure et intérieure. Celui qui a peur est un lâche, et ne réussit à prendre aucune initiative ! C’est ce qui est arrivé aux disciples d’Emmaüs malgré que Jésus faisait route avec eux et les blâmait pour « leurs esprits sans intelligence et leurs cœurs lents à croire tout ce qu’ont déclaré les prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? ». Et Il commença à leur expliquer tout ce qui le concernait dans les Ecritures. (Luc (24,26-27).  

« Ils approchèrent du village où ils se rendaient, et lui fit mine d’aller plus loin. Ils le pressèrent en disant : reste avec nous car le soir vient et la journée est déjà avancée ». Et quand ils entrèrent et se mirent à table, Jésus « prit le pain, prononça la bénédiction, le rompit et le leur donna ». Ce fut le signe distinctif ! L’Eucharistie. « Alors leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent ; mais il leur devint invisible ». (Luc 24, 28-31).

Après ce signe, la peur s’est dégagée, et leurs yeux et leurs cœurs s’ouvrirent ; et même ils se dirent l’un à l’autre : «  Notre cœur ne brûlait-il pas en nous tandis qu’il nous parlait en chemin et nous ouvrait les Ecritures ? »

Le résultat fut qu’ils se levèrent et partirent à l’instant même, après être libérés de la psychose de la peur, la peur de voyager la nuit en des temps d’insécurité, et retournèrent à Jérusalem pour raconter aux Onze tout ce qui leur est arrivé et annoncer que Jésus est vraiment ressuscité.

Celui qui réussit à reconnaître Jésus, qui fait chemin avec lui, et écoute ses enseignements ne peut rester caché dans sa cellule mais se libère de sa peur et affronte avec courage tous les dangers pour partir et porter la nouvelle de la résurrection et du salut à tous les hommes.

Quant à nous aujourd’hui, après deux mille ans, nous nous demandons : si Luc revient pour écrire notre histoire, écrirait-il de la même manière que pour les disciples d’Emmaüs ?

Chacun de nous – évêque soit-il ou prêtre, moine ou religieux, père ou mère de famille, jeune ou ancien, scout ou non engagé – est disciple de Jésus comme ceux d’Emmaüs, et vit dans la peur, le désespoir ou l’inquiétude pour l’avenir au milieu des guerres absurdes résultat de fondamentalisme et extrémisme aveugle, et au sein de la guerre éclatée au Liban il y a exactement quarante ans ; et pourtant on nous avait promis qu’elle se terminerait en quelques mois et que le Liban recouvrirait sa paix, son rôle et sa mission au sein des Nations et redeviendrait un « Pays- message » selon le saint pape Jean-Paul II ou un « Pays-modèle » selon le Pape Benoît XVI.

Sortons de notre peur car Jésus nous a libérés et ne cesse de nous dire : Ne fallait-il pas que le Fils de Dieu, devenu fils de l’homme sur notre terre, mourût sur la Croix pour sauver tous les hommes et montrer combien Dieu le Père les aime. Jésus nous aima jusqu’au bout et nous donna l’exemple de l’amour qui se sacrifie pour ceux qu’il aime. Cet amour qui « prend patience, rend service, ne jalouse pas, ne s’enfle pas d’orgueil, ne cherche pas son intérêt. Cet amour qui ne disparaît jamais », comme dit Saint Paul dans sa lettre aux Corinthiens (1 Cor. 13,4-8).

 

Au nom de cet amour, chacun de nous a prononcé sa promesse sur le chemin de la vie scoute, en disant : « Sur mon honneur, et avec la grâce de Dieu, je promets de servir de mon mieux Dieu, l’Eglise et la Patrie, d’aider mon prochain en toutes circonstances et d’observer la loi scoute ». Et dans notre prière scoute, nous demandons au « Seigneur Jésus » : « Apprenez-nous à être généreux, à vous servir comme vous le méritez, à donner sans compter, à combattre sans soucis des blessures, à travailler sans chercher le repos, à nous dépenser sans attendre d’autres récompenses que celle de savoir que nous faisons votre sainte volonté ».

Jésus est donc notre compagnon et notre chemin.

Renouvelons aujourd’hui notre promesse pour servir Dieu, l’Eglise et la Patrie, pour servir le prochain dans la charité, d’un seul cœur comme les apôtres, les disciples et la première communauté chrétienne ; et rassemblons-nous autour du signe distinctif, l’Eucharistie, où nous partageons tout ce qu’Il nous procure gratuitement.

Jésus fait chemin avec nous, nous enseigne, nous encourage et nous conduit à sa table, à son festin où il rompt le pain et nous dit prenez et mangez-en tous ceci est mon corps, et bénit le vin et nous dit prenez et buvez-en tous ceci est la coupe de mon sang, le sang de l’alliance nouvelle qui sera versé pour vous et pour la multitude.

Il nous dit : n’ayez pas peur, j’ai vaincu le monde ! N’ayez pas peur, je suis avec vous jusqu’à la fin des temps ! L’Eglise est mon Eglise, et les portes de l’enfer ne prévaudront pas sur elle !

Partons d’ici aujourd’hui comme si nous sortions de la Pentecôte remplis de l’Esprit-Saint avec nos visages illuminés, et engageons-nous à vivre notre promesse scoute et à être toujours prêts !

N’ayez pas peur ! Vous êtes les disciples du Christ dans votre Eglise et dans votre Patrie. Portez le Christ avec joie à vos frères et sœurs les jeunes de votre société qui ont soif d’espérance. Vous êtes les seuls capables de les convaincre que le Christ est le compagnon et le chemin. Vous êtes l’avenir de l’Eglise ; plantez en son sein la charité du Christ. Vous êtes l’avenir de la Patrie ; rendez-lui sa splendeur pour qu’elle reste ce Pays-message dans la liberté, la démocratie et le respect des diversités. Soyez toujours prêts à servir Dieu, l’Eglise, la Patrie et le prochain.

Amen.    

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