Mon séjour à Montréal 10-18 février 2017

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Mounir Khairallah

Evêque de Batroun

Couvent ST. Jean-Maroun

Kfarhay – 4001 Batroun

LIBAN

 

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Mon séjour à Montréal 10-18 février 2017

Pour la fête de Saint Maroun

 

 

A la demande de S. Exc. Mgr Paul Marwan Tabet, Evêque des Maronites du Canada, et après avoir obtenu la permission de Sa Béatitude Patriarche Cardinal Mar Béchara Raï et le concours de S. Exc. Mgr Gabriele Caccia Nonce apostolique au Liban, je me rends à Montréal portant un fragment de la relique de Saint Maroun conservée au Couvent de Saint Jean-Maroun à Kfarhay. Cette relique contenant le crâne de Saint Maroun a été apportée par Saint Jean-Maroun Premier Patriarche et fondateur de l’Eglise patriarcale maronite dans son premier siège à Kfarhay à la fin du VIIème siècle. Elle a été prise par l’Abbé Michel, bénédictin italien venu avec les Croisés en 1130 dans son monastère de la Sainte Croix à Sassovivo (la traduction littérale de Kfarhay) à Foligno où elle été conservée jusqu’en 1450, puis dans la cathédrale San Feliciano de Foligno d’où nous avons rapatrié une partie à Kfarhay le 8 janvier 2.000.

 

Vendredi 10 février 2017,

A 14h30 : Je suis à l’aéroport de Montréal en provenance de Beyrouth via Genève. S. Exc. Mgr Paul Marwan Tabet, m’attend avec un groupe de prêtres et d’amis. Un accueil chaleureux pour la relique de Saint Maroun que j’apporte avec moi de Kfarhay et qui devrait être mise à la cathédrale Saint Maroun de Montréal pour être vénérée par les Maronites et leurs amis et fidèles de toutes parts.

Nous partons pour la Maison diocésaine à la rue Grenet où nous attendent des prêtres et un groupe de fidèles pour accueillir la relique avec l’encens et les chants et nous la déposons à la chapelle. Mgr Tabet préside la prière liturgique de St. Maroun et bénit les fidèles présents.  

A 20h00, nous participons au concert musical présenté par la chorale de la cathédrale Saint Maroun de Montréal et quelques membres de la chorale de l’Université de Notre-Dame de Louayzé dirigées par le Père Khalil Rahmé. Excellent concert écrit spécialement pour la Saint Maroun du Canada ; il a été vivement et longuement applaudi par l’assistance.

 

Samedi 11 février 2017

En matinée, je passe avec Mgr Tabet visiter les locaux d’un lycée public, non loin de la cathédrale, qu’il a loué pour servir d’école où l’on donne des cours d’arabe pour nos enfants. Mgr Tabet a su mettre à profit sa longue expérience de Secrétaire général des Ecoles Catholiques au Liban pour offrir aux enfants des familles maronites et libanaises l’occasion d’apprendre non seulement la langue de leurs parents et de leur patrie-mère, mais aussi leur histoire et leur patrimoine. Près de trois cent élèves sont accueillis tous les samedis et entourés d’une vingtaine d’éducateurs et éducatrices, volontaires en grande majorité. J’ai été ravi de rencontrer les élèves et le corps enseignant et d’échanger avec eux les détails de cette expérience excellente.  

On m’a amené ensuite visiter l’Oratoire Saint Joseph à Montréal, haut-lieu de prière et de pèlerinage fondé par un père jésuite, avant de revenir à la cathédrale pour présider la célébration eucharistique à 18h30 en présence d’un bon nombre de fidèles.

Nous prenons part ensuite, Mgr Tabet, Père Fadi Helwanji Recteur et moi-même, au dîner annuel paroissial de la cathédrale dans la salle paroissiale où il y avait plus de trois cent personnes venues de plusieurs paroisses du diocèse.

 

Dimanche 12 février 2017, fête de Saint Maroun à Montréal.

A 10h15 : J’apporte la relique de la maison diocésaine à la cathédrale Saint Maroun où Mgr Tabet nous attendait avec les prêtres, les scouts et les enfants de chœur. A 11h00, nous entrons en procession pour la célébration solennelle de la Saint Maroun. Etaient présents avec nous Son Eminence le cardinal Cyprien Lacroix archevêque de Québec et Primat du Canada, S. Excellence Mgr Luigi Bonazzi Nonce apostolique au Canada, S. Exc. Mgr Alain Faubert auxiliaire de l’archevêque de Montréal, S. Exc. Mgr Paul Antoine Nassif Exarque des Syriaques catholiques au Canada, S. Exc. Mgr Charian évêque des Arméniens orthodoxes du Catholicossat de Cilicie au Canada.

Au premier rang de la cathédrale pleine de fidèles on remarquait Mme Mélanie Joly Ministre fédérale du Patrimoine et Député de Laval, M. Sami Haddad Chargé d’Affaires à l’ambassade du Liban au Canada, M. Fadi Ziadé Consul général du Liban à Montréal, les députés canadiens d’origine libanaise Eva Nassif et Fayçal El Khoury, ainsi que des députés fédéraux et locaux, et des Maires des municipalités voisines. Et une foule de fidèles venus avec leurs curés de plusieurs régions canadiennes.

C’est Mgr Tabet qui préside l’Eucharistie et donne le ton en invitant tout le monde à accueillir dans la joie la relique de « Notre Père Saint Maroun apportée depuis Kfarhay par notre frère Mgr Khairallah évêque de Batroun ». Nous déposons la relique dans son reliquaire, un tronc d’un cèdre du Liban, exécuté par l’artiste Rudy Rahmé de Bécharré et présent dans l’assistance qui applaudit longuement, les larmes aux yeux, l’arrivée de Saint Maroun sur la terre canadienne.

Il m’a été donné de lire l’évangile et de dire l’homélie en français que j’avais préparée pour l’occasion et dans laquelle je trace les lignes essentielles de la spiritualité érémitique maronite et les trois phases de la fondation de notre Eglise maronite : fondation spirituelle avec Saint Maroun au début du Vème siècle, fondation ecclésiale avec Saint Jean-Maroun à la fin du VIIème siècle et fondation nationale avec le patriarche Elias Hoyek au début du XXème siècle. (Lire le texte à la fin de ce rapport).

Mgr Tabet a tenu à signaler l’importance de cette célébration qui restera dans les annales du diocèse maronite du Canada et à accueillir toutes les personnalités présentes ecclésiastiques et civiles représentant le gouvernement et le peuple canadiens. Il a notamment insisté sur le rôle que jouent actuellement les Maronites et les Libanais au sein de la société canadienne même au plus haut niveau de l’autorité économique, parlementaire et gouvernementale. Il a même envoyé un message de sympathie au Premier ministre canadien, M. Trudeau, en rappelant que les Maronites et les Libanais sont fidèles à leur terre nouvelle le Canada et combien ils participent activement au développement du pays.  

A la fin de la Messe, Mgr le Nonce apostolique a pris la parole pour dire :

« Je vous transmets les salutations et les encouragements de Sa Sainteté le Pape François. Je vous dis qu’il porte l’Eglise maronite et le Liban dans son cœur. S’il était ici, il vous aurait adressé le même message que vous a adressé Mgr Mounir dans son homélie. Il aurait employé les mêmes mots pour vous inciter à répondre à votre vocation de sainteté selon la spiritualité érémitique de Saint Maron, et à porter votre mission de vivre ensemble dans la liberté et le respect des diversités. Votre pays-message le Liban, reste un modèle pour le monde d’aujourd’hui ». Un long applaudissement a retenti dans la cathédrale.

Ensuite Mgr Tabet a distribué des trophées du diocèse en souvenir de cette cérémonie aux personnalités religieuses et politiques présentes.

Après la Messe, nous avons eu le temps, Mgr Tabet et moi-même, de nous entretenir avec Son Eminence le Cardinal et Monseigneur le Nonce. Tous les deux ont exprimé leur joie d’avoir pris part à cette célébration grandiose. Ils ont demandé le texte de mon homélie et ont insisté à nous inviter chez eux au Québec et à Ottawa. Ils m’ont chargé de transmettre leur amitié à Sa Béatitude le Patriarche Raï, grand ami du Cardinal Lacroix, et à Mgr le Nonce apostolique au Liban Gabriele Caccia. Nous nous sommes retrouvés ensuite à déjeuner avec le chargé d’Affaires, le Consul, les prêtres et l’équipe organisatrice dans un restaurant libanais de Montréal.

 

Le soir, J’ai pris le temps de rencontrer quelques amis batrouniens chez Assaad et Magida Semaan de Mrah Chédid. Les retrouvailles étaient très émouvantes.  

 

Lundi 13 février 2017

Après une journée de découverte de Montréal, et une interview accordée par téléphone à M. Antoine Karam, PDG de Radio-Moyen-Orient au Canada, sur la situation des Maronites et des chrétiens d’Orient au sein du monde arabo-musulman et sur leur avenir, je me retrouve à la Maison diocésaine avec Mgr Tabet qui réunit autour de lui, comme tous les lundis, les représentants des partis politiques libanais au Canada. C’est un défi que Mgr Tabet tient à relever en voulant former une opinion publique libanaise au Canada et un lobby dans la société canadienne où les Libanais sont présents à tous les niveaux.

 

Mercredi 15 février 2017

Mgr Tabet m’offre une journée d’excursion vers la montagne autour de Montréal, à Saint Sauveur, où il a loué un grand terrain et des maisons de campagne pour les camps d’hiver et d’été à la disposition des jeunes et pour des temps de retraite à la disposition des diocésains de tous âges, des commissions diocésaines et des mouvements.

A 17h00 : je suis à Radio Moyen-Orient pour une interview, en direct cette fois-ci, avec la journaliste Colette Dargham-Mounsef, l’une de mes élèves et des jeunes engagés dans le diocèse de Batroun avant de venir au Canada.

Je termine enfin par une soirée batrounienne chez Naji Boutros Dargham, de Ghouma, avec les amis de Ghouma, Smarjbeil, Mrah Chedid, Jrane et Batroun. Naji, frère de Colette, a voulu réunir les amis batrouniens autour de « celui qui a été leur frère, leur aumônier et aujourd’hui leur pasteur ».

Jeudi 16 février 2017

Nous partons, Mgr Marwan et moi-même, pour Ottawa, capitale fédérale. Nous sommes invités par S. Exc. Le Nonce apostolique Mgr Luigi Bonazzi. Nous devions venir hier ; mais la tempête de neige nous avait empêchés.

Nous passons par la paroisse Saint Charbel où nous reçoit Père Henri Imad curé.

A 13h00, nous sommes à la Nonciature pour le déjeuner. C’est Mgr Bonazzi lui-même qui nous accueille dans la joie avec le secrétaire de la Nonciature. Nous avons eu l’occasion de discuter longtemps de notre Eglise maronite au Canada, au Liban et dans le monde. A partir de la fête de Saint Maroun si bien préparée par Mgr Tabet et ses équipes et de mon homélie qui a retracé les constantes de l’histoire de notre Eglise et de notre peuple, Mgr Bonazzi nous a posé beaucoup de questions sur notre histoire, notamment spirituelle, sur notre unité avec l’Eglise de Rome et les successeurs de Pierre, sur notre avenir au Liban ainsi que sur l’avenir des chrétiens d’Orient. Il nous a mis à l’aise et a pris tout son temps avec nous. Nous sommes partis avec regret, mais non sans l’inviter à venir au Liban nous connaître de près. Il m’a chargé de saluer Sa Béatitude le patriarche Raï et Mgr le Nonce au Liban Gabriele Caccia.

Après le déjeuner, nous visitons le Palais du Parlement canadien. Superbe.

Ensuite nous visitons l’ambassade du Liban où nous sommes accueillis par le Chargé d’affaires M. Sami Haddad. Là aussi notre discussion porte sur la mission et la vocation de notre pays le Liban au Canada et à travers le monde.

A 19hh00, je célèbre la Messe chez les Sœurs Antonines qui ont leur école juste à côté de l’église Saint Charbel. Je n’ai pu m’empêcher de rappeler les premières messes que nous célébrions à la résidence patriarcale de la Vallée sainte de Qannoubine avec les religieuses antonines et le Père Youakim Moubarac, Père de la démarche synodale dans notre Eglise qui a abouti à la tenue du Synode Patriarcal Maronite (2003-2006).

Enfin je suis invité à une autre soirée batrounienne chez Myrvat Maalouf Al Frenn de Batroun où nous nous retrouvons avec la famille de sa sœur Mayada et d’autres couples de Batroun et des amis.

 

Vendredi 17 février 2017

A 9h30, Nous prenons la route pour rentrer à Montréal.

A Midi, nous sommes attendus par le Consul général du Liban à Montréal, M. Fadi Ziadé. L’entretien est d’une importance capitale car il nous explique combien les Libanais sont nombreux (ils sont quelques centaines de milliers) et efficaces dans la société canadienne et combien il se déploie pour les faire inscrire au Consulat.

Nous passons ensuite à déjeuner au monastère Saint Antoine le Grand de l’Ordre Libanais Maronite qui est tout proche et qui constitue, avec la Maison diocésaine et la cathédrale, un lieu de rencontre et d’activités pour les Maronites et les Libanais.

Le soir à la maison diocésaine, Mgr Tabet a convoqué à mon honneur les prêtres des six paroisses maronites de Montréal ainsi que des cadres de l’Evêché et des conseils paroissiaux.

Mgr Tabet introduit la rencontre en présentant les grandes lignes de sa stratégie pour l’organisation du diocèse dans l’immense terre du Canada ainsi que les cadres qu’il a formés et qu’il formera pour l’aider dans ce chantier ecclésial.

Il me présente ensuite au public présent et me demande d’intervenir en parlant de mon expérience ecclésiale.

J’ai commencé à rendre grâce au Seigneur pour ce séjour si riche qu’Il m’a donné de vivre au Canada et pour les laïcs qu’Il appelle au service de son Eglise à nos côtés, nous évêques et prêtres.

Après avoir retracé les trois phases fondatrices de notre Eglise et les grandes lignes de son histoire, je me suis arrêté sur trois étapes révélatrices :

1-Le Collège Maronite de Rome fondé en 1584 pour ouvrir les portes de l’Europe aux Maronites dans le but de les introduire à la réforme catholique effectuée au Concile de Trente (1545-1563) et au mouvement de la Renaissance culturelle européenne. Cette période connut son apogée avec le patriarche Etienne Doueihi - Elève du Collège Maronite de Rome, patriarche, historien et réformateur de notre Eglise.  

2- le Synode Libanais de 1736 qui avait pour objectif d’appliquer le Concile de Trente dans l’Eglise maronite et de la lancer dans la modernité. Il réussit à la placer à l’avant-garde des Eglises et des peuples du Levant par la réorganisation ecclésiale, sociale et culturelle, et surtout par la fondation des écoles partout au Mont-Liban et l’institution de la scolarisation obligatoire et gratuite des enfants.

3- Le Synode Patriarcal Maronite (2003-2006), (voulu au départ par P. Youakim Moubarac comme Second Synode Libanais), qui se déploya à proposer une nouvelle réforme dans l’Eglise maronite et à répondre aux nouveaux besoins des Maronites dispersés désormais dans les quatre coins du monde, dont le Canada. Là j’ai parlé du concept de « l’Eglise-Fille et l’Eglise-Mère », emprunté au feu Mgr Etienne Hector Doueihi Evêque de Brooklyn au temps du Synode Patriarcal Maronite et de la relation à établir entre les deux, en tenant compte que le Liban reste la terre où est née notre Eglise, où se trouve la personne du Patriarche et l’institution patriarcale et où se trouve enfin les racines spirituelles, les lieux saints et les sanctuaires de nos saints ; et aussi du concept de « l’Eglise des nouveaux horizons » dans les deux Amériques (notamment au Canada, aux Etats-Unis et au Brésil) et en Australie.  

Enfin j’ai parlé de l’expérience ecclésiale que nous vivons dans notre diocèse de Batroun au niveau du synode diocésain que j’ai convoqué dans le but d’appliquer le Synode Patriarcal Maronite, étant donné que je suis le premier concerné par le fait que j’ai été le Secrétaire de ce Synode et que je l’ai accompagné depuis le lancement de ses travaux en 1986 jusqu’à sa conclusion. Dix-sept commissions sont au travail autour du Comité Central et du Secrétariat général, et près de trois cent cinquante personnes, dont 70% des laïcs, travaillent ensemble pour effectuer le renouveau demandé.

 

Dr Sami Aoun, animateur du Comité de planification stratégique de l’éparchie, prend ensuite la parole pour résumer les lignes directrices de la démarche diocésaine fixée par Mgr Tabet depuis son arrivée en 2013:

« Nous avons-nous aussi à appliquer le Synode Patriarcal Maronite auquel Mgr Tabet avait pris part activement en tenant compte que sa vision n’est pas statique mais elle évolue avec les besoins des diocèses maronites et de la présence des Maronites à travers le monde. Et le Canada a sa particularité que nous devons prendre en considération. La société canadienne, où vivent nos familles mais surtout nos jeunes et nos générations futures, est affrontée à la sécularisation, à la consommation, à l’individualisme, à la concurrence du marché, à une économie en difficulté et à une confrontation religieuse. Elle est en même temps porteuse d’espoir pour l’avenir car le pays est prometteur pour un développement prospère grâce à son potentiel géographique, économique, social, culturel et humain.

Dans cette société, nos jeunes recherchent à reconstruire leur identité tout en s’ouvrant à une insertion totale et effective dans leurs milieux scolaires, universitaires, sociaux et politiques. D’où le besoin de créer des centres de formation historique, religieuse, culturelle, sociale et professionnelle.

Cinq axes attirent notre attention dans notre démarche ecclésiale :

1-     Notre relation avec le Patriarcat au Liban et le Synode des Evêques ;

2-     Notre relation avec les Eglises orientales au Canada ;

3-     Notre relation avec l’Eglise Catholique au Canada ;

4-     Notre relation avec les Musulmans au Canada ;

5-     Notre relation avec la société civile et les milieux politiques au Canada.

Nous avons tous apprécié l’homélie de Mgr Khairallah, a-t-il dit en terminant ; elle a dressé le bilan de l’histoire de notre Eglise maronite et nous a redonné courage et espérance pour notre mission d’avenir au Canada. Nous demandons à ce qu’elle soit traduite en arabe et en anglais et diffusée autour de nous, même à nos amis canadiens ».

 

Et après une discussion ouverte, Mgr Tabet prend la parole pour conclure :

« Je remercie Mgr Khairallah pour son témoignage et son apport positif.

Nous sommes heureux que la ligne directrice de notre action pastorale se confirme dans l’éparchie. En trois ans, nous avons terminé la première phase de l’organisation du diocèse. Nous commençons maintenant une nouvelle phase qui consiste à créer une dynamique spirituelle basée sur un approfondissement de la foi et une formation ecclésiale et culturelle. « L’Académie des Cadres » que j’ai fondée pour la formation des Cadres du diocèse et « l’Institut Maronite de Théologie et d’Etudes Chrétiennes » (IMTEC) (qui fonctionne en partenariat avec la Faculté de Théologie et de Sciences religieuses de l’Université de Laval) soutiennent notre démarche et les laïcs qui sont engagés avec nous répondent parfaitement aux exigences des nouveaux besoins. Nous rendons grâce au Seigneur pour leur ministère à côté des prêtres, des diacres, des religieux et religieuses au service de l’Eglise de Saint Maroun présente au Canada ».

 

Samedi 18 Février 2017, dernier jour

Je suis invité à un Brunch chez Manuela et Nagib Bou Loutfallah, famille de Batroun engagée avec moi à Batroun depuis de longues années à « Foi et Lumière » et « Equipes Notre-Dame » avant de venir s’installer au Canada. Ils m’avaient accompagné tout le long de mon séjour canadien. Ils avaient invité aussi Mgr Tabet, Père Charbel Geagea curé de la nouvelle paroisse maronite Saint-Jean-l’Apôtre, ainsi que des batrouniens et des voisins. Ce fut une matinée libano-canadienne pleine de joie. Nous avons pu échanger les nouvelles des familles au Liban et au Canada et promettre de rester en contact permanent.  

 

Après avoir terminé, Mgr Tabet m’accompagne à la cathédrale pour saluer les prêtres, les employés et les volontaires avant de m’amener à l’aéroport d’où je dois prendre l’avion pour Beyrouth via Paris où je reste deux jours.

 

Je ne peux quitter Montréal sans rendre grâce au Seigneur pour les jours enrichissants que j’ai vécus au Canada, et sans rendre hommage à mon frère Mgr Paul Marwan Tabet pour l’accueil qu’il m’a réservé, pour les temps de bonheur qu’il m’a fait vivre ainsi que pour le travail qu’il mène au service de nos frères et sœurs les Maronites et les Libanais du Canada.

Je pars avec trois constatations :

1-     Que le diocèse du Canada s’organise autour de son évêque et répond désormais aux besoins nouveaux ;

2-     Qu’il y a une recherche identitaire chez nos Maronites du Canada, notamment les jeunes, et restent attachés à leur Eglise-Mère et à leurs racines au Liban ;

3-     Que nos Libanais du Canada portent avec honneur la mission et la vocation historique de leur pays et le représentent dignement dans leur nouvelle terre et nouvelle patrie et à tous les niveaux.

 

 

Homélie de Mgr Mounir Khairallah

Cathédrale Saint Maroun – Montréal – Canada

Dimanche 12 février 2017, Fête de Saint Maroun

 

 

Eminence Cardinal Cyprien Lacroix, archevêque de Québec City Primat du Canada,

Excellence Mgr Luigi Bonazzi, Nonce apostolique au Canada,

Excellence Mgr Alain Faubert, auxiliaire de l’archevêque de Montréal,

Excellences,

Cher Mgr Paul Marwan Tabet, Evêque des Maronites au Canada,

Chers dignitaires et élus,

Très chers Fils de Maroun au Canada,

Très chers amis Canadiens

 

Je salue en votre nom, et à travers les moyens de communication, Notre Père Son Eminence Béatitude Mar Béchara Boutros Raï, Patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, nos frères les évêques, les prêtres, les religieux et religieuses Fils de Maroun dans les quatre coins du monde.

Je salue également les autorités civiles du Canada, notamment Madame le Ministre de la Culture.

 

C’est avec grande joie que je vous porte, en ce début de l’ « Année du témoignage et des martyrs » annoncée il y a quelques jours pour l’Eglise maronite, un fragment de la Relique de Saint Maroun conservée au premier siège patriarcal couvent de Saint Jean-Maroun de Kfarhay-Liban, pour qu’elle soit vénérée en cette cathédrale Saint Maroun de Montréal.

 

Pour nous, c’est une occasion particulière de renouveler notre engagement à témoigner le Christ en toute circonstance et un appel au retour à nos sources spirituelles et aux principes des trois phases de fondation de notre Eglise maronite avec Saint Maroun au début du Vème siècle, Saint Jean-Maroun à la fin du VIIème siècle et le Patriarche Hoyek au début du XXème siècle.

 

La première fondation, spirituelle, remonte donc à Saint Maroun qui vécut entre 350 et 410 et qui fut ermite et prêtre. Tout ce que nous connaissons de lui, selon son évêque Théodoret de Cyr, c’est qu’il s’est retiré du monde pour vivre sur les hautes montagnes de Cyr (non loin d’Antioche) sa relation privilégiée avec Dieu et son imitation de Jésus Christ selon un modèle érémitique qui consiste à accepter la vie en plein air dans la prière, la méditation, le jeûne, les sacrifices et le travail de la terre. Le Seigneur lui donna la faculté de guérir les malades physiques et psychiques. Les gens accoururent à lui demander ses conseils afin de retrouver Dieu dans leur vie à travers les sacrements, notamment celui du Pardon. Cette spiritualité réussit à joindre la dimension verticale de la relation avec Dieu à la dimension horizontale de la relation avec les hommes dans l’ouverture apostolique. C’est exactement la symbolique de la Croix sur laquelle Jésus Christ est mort reliant la terre au ciel, l’humanité à Dieu.

A sa mort en 410, ses disciples, devenus nombreux, ont choisi de vivre selon le même modèle érémitique. Certains sont restés en Syrie Chrétienne, 200 ans avant l’Islam, où ils ont fondé des monastères dans toute la Syrie, et surtout le Monastère de Saint Maroun sur l’Oronte qui joua un rôle important au sein et après le quatrième concile œcuménique de Chalcédoine en 451. D’autres sont venus s’installer sur les hautes montagnes du Liban pour évangéliser la population de religion phénicienne et fonder des monastères et des églises autour desquels se sont rassemblés les « Fils de Maroun » ou « le Peuple de Maroun » comme on les appelait. « Ils ne sont donc pas venus au Mont-Liban en conquérants, ni en réfugiés, mais en ermites et apôtres », selon le Père Youakim Moubarac.

 

La deuxième fondation, ecclésiale, remonte à Saint Jean-Maroun(630-707), Supérieur du Monastère de Saint Maroun et évêque de Batroun, qui fonda vers la fin du VIIème siècle l’Eglise patriarcale maronite au sein du Patriarcat d’Antioche et réussit à l’organiser et à lui donner une certaine autonomie dans le Mont Liban au sein de l’Empire arabo-musulman en pleine expansion au temps des Omeyyades.

Les Maronites, fils de Maroun et de Jean-Maroun, adoptèrent les éléments de la spiritualité érémitique héritée de leurs Pères et vécurent tout le long des siècles sur les hautes montagnes, ou les creux des vallées, en subissant de lourdes persécutions et en luttant pour garder leurs constantes : leur foi inébranlable, leur liberté, leur culture, leur attachement à la terre et à la personne du patriarche – Père, Chef et Guide de la communauté - leur ouverture aux mondes oriental et occidental. Ils réussirent à faire du Mont Liban un havre de liberté où ils voulurent accueillir d’autres peuples persécutés, chrétiens et musulmans, et vivre avec eux dans l’entente et le respect mutuel. Ils n’ont pas eu peur de se mélanger aux autres, comme le sel et le levain.

 

Quant à la troisième fondation, nationale, elle a commencé avec les Maronites qui ont réussi, avec leurs frères chrétiens, druzes et musulmans, à jeter les fondements de l’entité et de l’identité libanaise à partir du XVI° siècle et jusqu’à la moitié du XIX° siècle aux temps des Emirats des Maan (druzes) et des Chéhab (maronites) au sein de l’Empire ottoman qui occupa, quatre cents ans durant, l’Orient et une partie de l’Occident. Ils ont même été les pionniers de l’Orientalisme en Occident et de la Renaissance culturelle en Orient grâce aux Elèves du Collège Maronite de Rome et du Collège de Ayn Warqa au Mont Liban sous la conduite de leurs patriarches, notamment Etienne Doueihi (1670-1704), et l’impulsion de la Réforme recommandée par le Concile Libanais de 1736.

Au début du XX° siècle, et sous la conduite de leur Patriarche Elias Hoyek, ils relevèrent le plus grand défi au Moyen-Orient, celui de fonder avec leurs frères chrétiens et musulmans « l’Etat du Grand Liban » en 1920, devenu en 1943 République libanaise, où les Libanais de dix-sept communautés vivent dans la liberté, la démocratie et le respect de leurs diversités religieuse, culturelle, ethnique et politique, et appelé en 1991 « Liban – Pays Message » par le saint Pape Jean-Paul II.

 

            Au terme de ce long cheminement, nous arrivons à trois constatations :

La première est que « la Maronité est, à la base, un mouvement spirituel érémitique non relié à une terre, ni à une race, ni à une langue, ni à une nationalité. C’est une philosophie de vie en plein air, car il n’y a de maison pour celui qui l’adopte que le vent, et il n’y a de toit que le ciel. Tout ceci parce que le fondateur est un saint ermite. C’est donc dans la sainteté son début, dans la sainteté sa garantie, dans la sainteté sa continuité et sans sainteté c’est sa fin », selon le Père Michel Hayek.

La deuxième est que les Fils de Maroun ont collaboré avec leurs frères chrétiens et musulmans à la fondation du Liban, pays des libertés, mais ils ont refusé de se le garder pour eux-mêmes ou de le proclamer un foyer national pour les Maronites ou pour les chrétiens.

Et la troisième est que les Fils de Maroun ont été les pionniers de la culture et de la modernité dans leur contexte arabo-musulman. Et ils ont même osé, tout le long de leur extension continue à partir du XVIème siècle, frappé aux portes de l’Europe, de l’Afrique, puis du nouveau monde des deux Amériques et de l’Australie où se trouve aujourd’hui leur grande majorité.  

 

Aujourd’hui, alors que nous fêtons notre Père spirituel Saint Maroun, nous nous inclinons devant Dieu et face à nous-mêmes pour prier et redire nos convictions :

Nous renouvelons aujourd’hui notre engagement dans la vocation à la sainteté et le témoignage du Christ; et ce malgré l’accentuation de la vague du fanatisme, du fondamentalisme et du terrorisme.

Nous nous engageons à vivre les éléments de notre spiritualité érémitique et à la transmettre au cœur de Beyrouth, de Paris, de New York, de Mexico, de Sao Paolo, de Sydney et de Montréal.

Nous renouvelons notre appartenance à l’Eglise d’Antioche et au monde arabo-musulman et notre loyauté à nos pays d’origine et nos pays d’adoption dont le Canada. Car le Canada et le Liban mènent ensemble le même combat pour la liberté, la dignité et le respect des diversités.

Nous affirmons enfin que nous exigeons la liberté pour nous et pour les autres peuples dans le cadre du respect des diversités religieuse, culturelle, sociale et politique qui nous caractérise. Nous renouvelons notre ouverture à l’Occident et à sa culture et notre unité avec l’Eglise de Rome et avec le successeur de Pierre Sa Sainteté le Pape François.

 

Je ne peux enfin que rendre hommage à mon cher frère Mgr. Paul-Marwan et mes autres frères les Evêques dans l’Extension Maronite dans le monde pour les efforts qu’ils mènent, en communion avec le Synode des Evêques de notre Église présidé par Sa Béatitude Cardinal Béchara Boutros Raï, pour annoncer l’Évangile au sein de l’Eglise Universelle, dans un goût maronite.

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